Stratégie supply

Toyota Motor Europe : La direction supply chain en quête de visibilité pour travailler sans filet


Jean-Christophe Deville, le directeur supply chain de Toyota Motors Europe défend le fonctionnement en Just In Time. Un outil pour « stresser positivement » son organisation et la faire progresser dans les crises. Il témoignait dans le cadre de l’événement annuel du spécialiste de la visibilité en temps réel du transport multimodal, Shippeo, le 6 novembre à Paris.

Jean-Christophe Deville, VP supply chain de Toyota Motor Europe. - © D.R.
Jean-Christophe Deville, VP supply chain de Toyota Motor Europe. - © D.R.

Impliquée depuis la conception des véhicules jusqu’au client final, la direction supply chain Europe de Toyota tend vers l’excellence et, accompagnée par l’outil de visibilité Shippéo, entend arriver au « Just in Time ». « Nous considérons que le stock est comme le niveau de l’eau qui rend l’iceberg invisible et cache les problèmes dans la supply chain. Nous voyons le just in time comme un moyen de démasquer les problèmes », explique le directeur supply chain Europe, Jean-Christophe Deville.

« Pour nous le Just in Time c’est plus un état d’esprit qu’un outil opérationnel », estime Jean-Christophe Deville. « Nous voulons opérer sans filet, être exposé à un maximum de problèmes car c’est ainsi que nous trouverons le moyen de les résoudre, si possible durablement et ainsi d’améliorer notre organisation », poursuit-il.

A l’appui de sa démonstration, il cite deux événements dramatiques qui ont percuté la supply chain mondiale de Toyota ces six derniers mois. Le premier est une tempête de grêle au Japon qui a endommagé 4 700 véhicules Toyota à destination de l’Europe. Le second une tornade au Brésil qui a dévasté une usine Toyota. « Si nous avions eu des stocks de moteurs ou de véhicules, nous aurions sans doute traité ces crises à un niveau régional. Mais, volontairement, nous n’avons pas pu nous payer ce luxe et ces problèmes ont été traités en cellule de crise au niveau du top management », se félicite le directeur supply chain.

« Pour le Japon, au niveau de l’Europe, nous avons mobilisé onze centres de réparation rapidement et 350 personnes à plein temps et tous les véhicules ont été réparés en 90 jours. Pour le Brésil, nous avons envoyé des pièces détachées et des experts depuis le monde entier et une nouvelle supply chain a été mise en place en 45 jours », relate Jean-Christophe Deville.

Si un bateau est en retard, nous ne stressons pas suffisamment car nous pensons que le stock va faire le travail et nous stagnons

« Dans les longues supply chain, nous ne travaillons pas en Just in Time. Nous utilisons des leadtime théoriques. Nous avons donc des ETA imprécis, du tracking manuel, des retards invisibilisés », déplore Jean-Christophe Deville attentif à ne pas voir son organisation stagner et s’endormir dans la complaisance. « Si un bateau est en retard, nous ne stressons pas suffisamment car nous pensons que le stock va faire le travail et nous stagnons. Nous manquons donc une opportunité de stresser positivement notre organisation et de l’améliorer », confirme-t-il.

« L’une des raisons principales de notre partenariat avec Shippeo c’est que nous voulons passer de ce mode de fonctionnement dépassé au Just in Time. Nous voulons que vous nous aidiez à découvrir des problèmes auxquels nous n’avons pas été exposés », lance-t-il aux dirigeants de son nouveau partenaire.