Les secousses à venir des sous-capacités du transport routier
Par Guillaume Trecan | Le | Route et fer
Le cabinet de conseil BP2R et l’AUTF viennent de publier son enquête de conjoncture 2021/2022 sur les chargeurs du transport routier. Même si les hausses tarifaires sont déjà là et promettent de s’accentuer, les chargeurs cherchent évidemment d’autres solutions.
La reprise des échanges commerciaux et les sous-capacités du transport routier se sont déjà traduites par des hausses de prix : + 1,9 % sur les transports de marchandises générales et + 2,29 % sur les transports en température dirigée en 2021. En 2022, l’inflation va encore prendre de l’ampleur : 3,61 % sur les transports de marchandises générales et 3,25 % sur les transports en température dirigée.
Pourtant, face aux sous-capacités du transport routier, rares sont les chargeurs qui envisagent de solutionner ce problème en revalorisant la rémunération des transporteurs : 21 % pensent tout de même accepter d’importantes revalorisations tarifaires ; 20 % une meilleure rémunération de la mise à disposition garantie de moyens et 13 % de revoir leur structure tarifaire pour gagner en attractivité.
Quelles mesures face aux problèmes capacitaires
Les donneurs d’ordres privilégient plutôt une réorganisation des flux et des transports, soit pour 54 % du panel, optimiser le remplissage et pour 46 % mieux répartir les flux entre les différents prestataires, ou encore, pour 38 % du panel mettre en place des moyens de communication.
Un autre axe de travail avec leurs transporteurs revient, en revanche, dans les témoignages des donneurs d’ordres sur plusieurs sujets : la prolongation des durées de contrat pour donner de la visibilité aux transporteurs. Les chargeurs sont ainsi 33 % à envisager cette solution face aux problèmes de sous-capacité ; 78 % pour aider leurs transporteurs à entreprendre leur digitalisation et 73 % pour décarboner leurs activités.
2021 année record
En 2021, les sous-capacités du marché du transport routier ont tout de même atteint des proportions inédites, même lors du dernier pic de croissance 2017-2018 : 76 % des entreprises interrogées par le cabinet PB2R considèrent que les capacités du secteur du transport sont inférieures aux volumes à transporter, soit deux points de plus qu’en 2017.
Sur le transport domestique France, 59 % des donneurs d’ordres ont rencontré des difficultés à trouver des capacités de transport en 2021. Sur le transport import international, 81 % des donneurs d’ordres se sont retrouvés dans ce cas.
Alors que les transporteurs affichent un bel optimisme concernant leurs prévisions d’activité en 2022 - 46 % anticipent une croissance de 1 à 5 % et 29 % une croissance supérieure à 5 % - les donneurs d’ordres anticipent de leur côté une prolongation de leurs difficultés. Ils sont 68 % à s’attendre à des surcapacités dans le transport général de marchandises en France, 74 % à l’export et 81 % pour leurs transports import.