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Les robots EX9 dans la cour des grands chez DHL

Par Guillaume Trecan | Le | Robotique

Walter Bessis, directeur du business développement sur la partie transport de la division DHL Supply Chain sur la zone EMEA revient sur deux semaines de tests du tracteur autonome de la startup EX9 sur son site de Mitry-Mory. Prometteur !

Les robots EX9 dans la cour des grands chez DHL
Les robots EX9 dans la cour des grands chez DHL

La division Supply Chain de DHL EMEA a testé un tracteur électrique autonome pour les déplacements des remorques à l’intérieur de son site de Mitry-Mory, deux semaines, courant septembre. L’adoption d’un tel équipement serait évidemment un plus dans la trajectoire de décarbonation définie par le groupe pour atteindre son objectif zéro émission entre 2008 et 2050. « Notre projet avec EX9 vise à ce que, dans nos cours, nous ayons aussi des moyens plus verts et plus efficaces pour gérer ces opérations de préchargement et mise à disposition des remorques », confirme Walter Bessis, directeur du business développement pour la division DHL Supply Chain sur la zone EMEA.

Sur cette zone qui recouvre 23 pays, depuis Oman jusqu’au Portugal et de l’Afrique du Sud à la Norvège, DHL possède pas moins de 300 sites, répartis entre l’Europe et l’Afrique pour un chiffre d’affaires de 3,2 milliards d’euros dont un tiers sur des activités transport. Le site de Mitry-Mory a été choisi parce qu’il présentait plusieurs typologies de chargements, à quai et de plein pied, par le côté. Il comptabilise environ deux cents mouvements de camions par jour, entrant ou sortant, dont plus d’une trentaine en préchargement avec deux chauffeurs. Le Yard Management ne représente pas un impact significatif dans l’empreinte carbone globale du groupe, mais c’est un des segments les plus accessibles à des solutions électriques.

Walter Bessis (DHL). - © D.R.
Walter Bessis (DHL). - © D.R.

L’objectif pour nous est aussi de permettre plus de préchargements

Une solution de décarbonation, mais surtout de productivité

Au-delà de la question environnementale les robots EX9 apporteraient à DHL supply chain une solution intéressante de productivité. « L’objectif pour nous est aussi de permettre plus de préchargements. Les opérations sur cours représentent entre 15 % et 20 % du temps de travail des conducteurs. Etant donné la raréfaction des conducteurs, il est préférable qu’ils passent plus de temps sur la route », note Walter Bessis. Autre avantage technique de ce robot, son rayon de braquage qui permet de garer les camions dans des endroits des parcs plus nombreux.

En accroissant les opérations de préchargement, DHL Supply Chain gagnerait ainsi en efficacité, dans la mesure, où comme le souligne Watler Bessis : « l’essentiel du multimodal en termes d’exploitation se joue sur la fluidité ». Pour favoriser cette fluidité, DHL veut ainsi développer la pratique du « drop & hook » qui consiste à déposer sa remorque et repartir avec une remorque déjà chargée. « Pour faire cela, nous aurons besoin de plus de mouvements cours », relève Walter Bessis qui entend proposer de plus en plus à ses clients de gérer les mouvements inter-sites, ou entre sites proches avec des véhicules électriques. A termes, un site comme Mitry-Mory pourrait fonctionner avec deux ou trois robots

Des doutes et de la curiosité

Durant les tests effectués à Mitry-Mory, les équipes du site ont pu se familiariser avec les robots et les équipes d’EX9 ont fait une opération « vis ma vie » avec les conducteurs de cour pour bien comprendre leurs éventuelles appréhensions. « En questionnant les opérationnels, nous avons senti des doutes, mais aussi beaucoup de curiosité aussi », se réjouit Ksenia Duarte, CEO et co-fondatrice d’EX9.

Ksenia Duarte (EX9). - © D.R.
Ksenia Duarte (EX9). - © D.R.

La manipulation des remorques ne comprend pas que les trajets en eux-mêmes, il faut également anticiper les opérations annexes

Les tests ont aussi permis à la startup de roder sa machine aux contraintes opérationnelles d’un site d’appréhender les questions de sécurité, d’affiner ses manœuvres et de définir un process cible. « La manipulation des remorques ne comprend pas que les trajets en eux-mêmes, il faut également anticiper les opérations annexes telles que l’identification des emplacements de parking et des remorques, la recharge automatique, ainsi que l’attelage, si nous voulons industrialiser ces opérations », précise Walter Bessis.

Le terrain de jeu taille réelle offert par DHL a permis quelques nouveaux développements, notamment une structuration des fonctionnalités de Path Planning du robot qui lui permettent de définir sa route. En se fondant sur un robot conçu par la société allemande Ant Machines, EX9 développe toute l’automatisation : un bouclier de capteurs, une solution de téléconduite et des fonctionnalités d’automatisation qui permettent à la machine de se positionner dans l’espace grâce au croisement des données lidar et caméra.

Une solution mise au point in situ

« Notre cœur de métier c’est l’auto-pilote, la couche logiciel rendant les robots intelligents et le service lié à leur intégration dans des cas d’usage opérationnels, faisant en sorte que le robot sache où il est, quelle remorque aller récupérer, où la déposer et quand, communiquer avec la tour de contrôle… Tout cela se fait en collaboration avec les équipes des utilisateurs. Il est par exemple intéressant de définir avec eux le dimensionnement de la batterie du robot par rapport à son cycle de fonctionnement opérationnel », note Ksenia Duarte.

Nous devons maintenant tester cette machine sur un temps plus long pour l’intégrer dans la production et dans le planning du site

Un premier retour d’expérience va permettre de faire le point sur les éventuels ajustements préalables à un déploiement à plus grande échelle. « Nous devons maintenant tester cette machine sur un temps plus long pour l’intégrer dans la production et dans le planning du site. Cela peut changer notre manière de préparer des remorques, de charger par exemple, directement des préparations », explique Walter Bessis.

De leur côté, les équipes d’EX9 doivent également affiner la solution d’attelage qui reste pour l’instant purement mécanique. « La cinquième roue permet de pluguer le robot automatiquement à la remorque, mais le branchement de câbles de freinage de la remorque et des feux de recul se font encore manuellement » précise Ksenia Duarte.

Pour suivre ce type d’innovation, DHL peut s’appuyer sur quatre Innovation Centers, dont deux en zone EMEA. A termes la solution d’EX9 pourrait être également adopté par d’autres activités du groupe comme DHL Express.