Logistique

P3LogisticParks : « Nous pouvons travailler sur des investissements en centaines de millions d’euros »

Par Guillaume Trecan | Le | Immobilier

Christophe Chauvard, directeur général France de P3 Logistic Parks, détenu à 100 % par le fonds souverain singapourien, GIC Private Limited explique les ambitions du groupe sur le marché de l’immobilier logistique français où ses projets en cours pourrait lui permettre de doubler ses 220 000 mètres carrés de bâtiments actuellement gérés.

P3LogisticParks : « Nous pouvons travailler sur des investissements en centaines de millions d’euros »
P3LogisticParks : « Nous pouvons travailler sur des investissements en centaines de millions d’euros »

Pouvez-vous me présenter P3 Logistic Parks et ses ambitions sur le marché européen ?

P3 Logistic Parks est un investisseur, développeur immobilier et gestionnaire de bâtiments exclusivement dédiés à la logistique. Nous accompagnons le développement des distributeurs et des acteurs de la logistique dans douze pays européens. Nous avons fêté les vingt ans d’existence de la société en 2021 et nous avons aujourd’hui dans ces douze pays européens un patrimoine de 6,7 millions de mètres carrés, valorisé pour 7,7 milliards d’euros et 450 clients qui couvrent tous les secteurs d’activité : e-commerce, retail, industrie, etc.

Le siège de l’entreprise est à Prague et, depuis 2016, nous sommes détenus à 100 % par un actionnaire public basé en Asie qui est l’Etat souverain de Singapour. Historiquement, le groupe a concentré son développement sur l’Europe centrale et notre ambition aujourd’hui est de nous développer davantage en Europe de l’Ouest. Jusqu’ici, notre patrimoine immobilier en France était essentiellement acquis au travers des portefeuilles paneuropéens. Grâce à l’appui du fonds souverain singapourien, GIC Private Limited, nous avons connu deux transactions significatives qui ont fait grossir le groupe de manière substantielle : deux portefeuilles paneuropéens qui ont fait bondir notre patrimoine de 1,5 million de mètres carrés. Ma mission est maintenant de trouver de nouveaux terrains et de développer des projets tels que des bâtiments ou des parcs sur des emplacements stratégiques.

La relation avec l’Etat de Singapour est tout simplement une relation d’un fonds d’investissement avec son actionnaire. Cela nous apporte un avantage compétitif sur la taille des projets que nous finançons

En tant qu’investisseur, que vous apporte le fait d’appartenir à l’Etat souverain de Singapour ?

Nous nous apparentons à un investisseur institutionnel, l’institution en question étant le fonds souverain singapourien. Nous pouvons donc travailler sur des investissements en centaines de millions d’euros et nous cherchons des opportunités qui s’apparentent à du Private Equity ou du Merger & Acquisition. La relation avec l’Etat de Singapour est tout simplement une relation d’un fonds d’investissement avec son actionnaire. Cela nous apporte un avantage compétitif sur la taille des projets que nous finançons. Cela nous oblige aussi à avoir une approche plus vertueuse en termes d’environnement, de social et de gouvernance (ESG) et en ce qui concerne le risque réputationnel. Cela nous donne surtout une crédibilité immédiate vis-à-vis des propriétaires fonciers, les municipalités, puisque nous investissons et nous détenons nos actifs sur le long terme. Ce qui n’est pas le cas de la majorité des acteurs, puisque le bâtiment logistique est une valeur refuge et devient une commodité de placement financier pour certains investisseurs immobiliers.

Nous sommes à la fois investisseur, gestionnaire, promoteur immobilier et détenteur sur le long terme

Qu’est-ce qui caractérise votre stratégie long terme ?

Nous sommes à la fois investisseur, gestionnaire, promoteur immobilier et détenteur sur le long terme. Nous concevons des bâtiments durables, de qualité, construits avec une vision de long terme et pour des usages bien identifiés par rapport aux besoins de nos clients. Nous intégrons beaucoup d’engagements ESG autour de la conception de nos immeubles et nous engageons des travaux importants pour notre patrimoine français constitué d’immeubles acquis au fil des années. Nous sommes aujourd’hui en train d’en certifier la majorité avec le label Breeam (Building Research Establishment Environmental Assessment Method). Nous souhaitons bien sûr avoir des bâtiments dont la valeur locative augmente, mais l’immeuble est vraiment le produit qui fait la valeur de notre business.

En Europe, nous disposons d’une réserve foncière de 800 000 à un million de mètres carrés de bâtiments à construire

Quelles sont vos perspectives de développement en France ?

Nous avons aujourd’hui constitué un portefeuille de terrains en France avec une sortie des projets à différents horizons en fonction de leur évolution. En Europe, nous disposons d’une réserve foncière de 800 000 à un million de mètres carrés de bâtiments à construire. En France aujourd’hui, notre pipeline de projets nous permettrait de doubler notre patrimoine existant, qui est de l’ordre de 220 000 mètres carrés. Nous avons une dizaine d’immeubles sous gestion et entre 200 000 et 300 000 mètres carrés de nouveaux projets à venir.

Quelle taille et quelle nature de projet est dans votre cœur de cible ?

Nous n’avons pas de limite en ce qui concerne le montant de nos projets. Nous développons par exemple un projet de parc logistique de plus de 100 000 mètres carrés à Laon. Nous visons aussi des bâtiments de taille intermédiaire au-delà de 20 000 mètres carrés autour des agglomérations, mais nous cherchons avant tout des bâtiments d’une surface moyenne de 20 000 mètres carrés, des investissements de l’ordre de 20 millions d’euros. Nous nous intéressons aussi à des sujets de logistique urbaine, mais de manière plus opportuniste. Nous avons en outre acquis une forte expérience en ce qui concerne les bâtiments Cross dock. Nous développons différents projets de ce type, poussés par la demande de livraison dernier kilomètre.

A quelles zones géographiques vous intéressez-vous ?

Nous nous intéressons évidemment à la dorsale Lille-Paris-Lyon-Marseille, mais aussi au Grand Ouest, notamment l’arc atlantique et au Grand Est sur toute la partie limitrophe avec la Belgique, l’Allemagne et le Luxembourg. La logistique est en effet en retard dans ces régions qui concentrent près de 50 % des demandes.

P3 Logistic Parks a acquis un bâtiment de 23 000 m2 à Seclin sur une friche industrielle et accompagné le vendeur dans sa cessation d’activité. - © D.R.
P3 Logistic Parks a acquis un bâtiment de 23 000 m2 à Seclin sur une friche industrielle et accompagné le vendeur dans sa cessation d’activité. - © D.R.

 

Pouvez-vous donner quelques exemples de projets en cours ?

Nous avons par exemple été lauréat d’un projet sur un terrain en amodiation de plusieurs dizaines d’années avec Haropa, sur le port autonome de Rouen. Ce projet, qui démontre notre capacité à nous inscrire sur le long terme, implique un acteur postal et devrait voir un démarrage des travaux dans le courant de l’année.

Un autre projet illustre également notre capacité à faire converger les intérêts des parties prenantes locales. Nous avons en effet travaillé avec le groupe Orchestra pour trouver un accord sur la sortie d’un immeuble dont il était locataire à Montpellier, sa reprise par Viapost (groupe La Poste), qui a signé un bail de très long terme, et sa reconfiguration logistique. Dans le même ordre d’idée, nous avons également acquis un bâtiment de 23 000 mètres carrés à Seclin sur une friche industrielle, où nous avons accompagné le vendeur dans la cessation de son activité industrielle. Un nouveau bâtiment va voir le jour en cœur de ville de Lille.