De l’hydrogène vert compétitif pour le transport, mais pas seulement
Par Guillaume Trecan | Le | Equipement
La startup Sakowin Green Energy vient à nouveau de lever des fonds - 6,5 millions d’euros - pour accélérer le développement de ses modules de production d’hydrogène vert, à un coût qui pourrait avoisiner un euro le kilo. Le secteur du transport figure parmi ses partenaires, mais il reste minoritaire.
La Startup Sakowin Green Energy, qui se fait fort de produire de l’hydrogène vert issu de méthane à coûts compétitifs, vient d’obtenir un financement de 6,5 millions d’euros dans le cadre du programme européen EIC Accelerator, 2,5 millions d’euros de subventions et 4 millions d’euros en capital. En décembre 2021, la société avait déjà effectué une première levée de fonds avec des partenaires industriels. « Cela nous a apporté la crédibilité nécessaire qui a permis en mars 2022 à Bpifrance de nous accorder un prêt d’amorçage et une aide au développement Deep Tech de 2,5 millions d’euros ». Sakowin compte en fin d’année dernière huit collaborateurs, est montée à 14 aujourd’hui et va recruter une dizaine de personnes supplémentaires dans le courant de l’année.
Nous avons l’intention de développer notre réseau de partenaires de co-développement pour atteindre une vingtaine d’ici 2025
« Avoir ces fonds aujourd’hui nous permet d’accélérer notre développement au-delà de ce que nous avions prévu », se réjouit Gérard Gatt, qui poursuit : « nous avons l’intention de développer notre réseau de partenaires de co-développement pour atteindre une vingtaine d’ici 2025 et une quarantaine trois ans plus tard. Nous cherchons également un ou deux investisseurs complémentaires pour nous apporter des fonds mais surtout de la compétence pour nous aider à nous développer plus rapidement », explique le directeur général de Sakowin.
De l’hydrogène à coût hyper compétitif
Le procédé développé par Sakowin Green Energy consiste à séparer une molécule de méthane pour produire d’un côté du carbone sous forme solide et de l’autre de l’hydrogène… à des coûts hyper compétitifs. Avant industrialisation et valorisation du carbone, Sakowin Green Energy promet donc un hydrogène à moins de trois euros du kilo. Une fois son processus industriel mature, le coût de l’hydrogène produit par la startup devrait approcher un euro. Si Gérard Gatt reconnait que le procédé utilisé par sa société n’est pas nouveau, il souligne que l’originalité de sa démarche consiste à focaliser le développement de son réacteur de décomposition du méthane (CH4), sur la production d’hydrogène.
« En fonction de ce que vous voulez faire, vous pouvez orienter la décomposition de la molécule de CH4 vers du carbone, de l’acétylène, de l’hydrogène… Ce sont des choix qu’il faut faire dès le début du développement de votre réacteur. Tout notre challenge consiste à développer un réacteur spécifique à la production d’hydrogène qui permet de produire un hydrogène compétitif sans nécessité de valoriser le carbone », synthétise Gérard Gatt.
Cinq partenaires en lice pour 2025
Un premier démonstrateur fonctionne aujourd’hui dans le laboratoire de Sakowin sur la technopole de l’Arbois à Aix-en-Provence et la startup prépare des prototypes opérationnels susceptibles de produire 200 kilos d’hydrogène par jour à l’horizon 2025, pour cinq partenaires industriels qui se sont engagés à ses côtés en 2021.
Deux de ces partenariats sont susceptibles d’avoir des applications dans le transport de fret. Le premier est le laboratoire suisse Empa, commissionné par des fabricants de camions pour travailler sur la production d’hydrogène pour le transport. Le second concerne le domaine aéroportuaire, où la startup est un des onze lauréats du programme H2 Hub Airport géré par ADP, Airbus et Air France pour concevoir de nouvelles infrastructures hydrogène. Si le premier sujet confié à Sakowin se limite aux véhicules au sol, une deuxième partie du programme portera sur le carburant des avions eux-mêmes. Dans cette optique, Sakowin co-développe une station de recharge d’hydrogène avec le groupe ADF, qui fait partie du pool d’investisseurs du dernier tour de table de Sakowin en décembre 2021.
Extraction pétrolière, méthanisation, transformation des matériaux
Également présente dans ce tour de table la société Ponticelli, spécialisée dans l’industrie pétrolière et gazière, qui travaille avec Sakowin Green Energy pour produire de l’hydrogène destiné à faire fonctionner tous les équipements des stations de pompage.
Le troisième investisseur de Sakowin, la société AES Dana, possède plusieurs méthaniseurs dans les Hauts de France, dont Sakowin doit convertir le bio-méthane en bio-Hydrogène… une démarche d’autant plus vertueuse que le carbone issu du procédé pourra être réutilisé pour combler le déficit de carbone des terres agricoles.
Également partenaire capitalistique de Sakowin, le groupe Saint Gobain travaille avec la startup sur la conversion de process de fabrication de matériaux à l’hydrogène.
Aujourd’hui l’hydrogène est très fléché vers la mobilité c’est un marché en devenir qui n’est pas à négliger, mais ce n’est pas le marché le plus important.
Une partie de l’hydrogène que va produire Sakowin Green Energy pourra servir le transport de fret, mais Gérard Gatt prévient que beaucoup d’autres clients seront également en ligne pour capter ces volumes d’énergie verte. « Les besoins sont vastes. Aujourd’hui l’hydrogène est très fléché vers la mobilité c’est un marché en devenir qui n’est pas à négliger, mais ce n’est pas le marché le plus important. Le secteur de l’industrie, notamment, est très demandeur de solutions permettant de consommer moins de CO2. »
Parmi les domaines en bonne place pour rejoindre le pool de partenaires de Sakowin Green Energy, on peut notamment citer le transport naval, les matériaux, ou encore la transformation des process industriels.