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OCP Répartition : « Nous avons réduit de 50 % la variabilité subie par nos établissements »

Par Guillaume Trecan | Le | It

Pierre-André Lamongie, directeur supply chain d’OCP Répartition, le leader des grossistes répartiteur en produits pharmaceutiques livre deux fois par jour 16 000 officines de pharmacies en France. Dans un contexte de forte tension sur les approvisionnements, qui génère des à-coups brutaux sur sa supply chain, il vient de se doter d’un outil de priorisation de ses flux.

La plateforme d’OCP Répartition, à Baule, traite 1,7 million d’unités par jour.. - © www.franckdunouau.com
La plateforme d’OCP Répartition, à Baule, traite 1,7 million d’unités par jour.. - © www.franckdunouau.com

Pierre André Lamongie, directeur supply chain d’OCP Répartition. - © D.R.
Pierre André Lamongie, directeur supply chain d’OCP Répartition. - © D.R.

Pouvez-vous nous présenter la supply chain d’OCP Répartition et les contraintes propres à votre métier de grossiste répartiteur ?

OCP Répartition a pour métier la distribution des médicaments aux officines. Avec un chiffre d’affaires d’environ 6 milliards d’euros, nous sommes numéro un sur ce métier de grossiste répartiteur, qui consiste à acheter aux laboratoires pharmaceutiques, stocker et livrer deux fois par jour les commandes des pharmacies. Le rôle de mon équipe de 185 collaborateurs est d’une part le volet Demand & Supply, avec l’approvisionnement et la gestion des stocks des médicaments, et d’autre part la gestion de notre plateforme centrale de synchronisation basée à Baule (45). OCP Répartition compte 39 établissements pharmaceutiques, des sites logistiques sur lesquels 2 500 personnes préparent les commandes et les livrent ensuite tous les jours à 16 000 officines de pharmacies.

Nous faisons face à des phénomènes de produits sous quota pour certains médicaments et nous n’avons pas la main sur les quantités que nous pouvons commander

Dans notre métier, nous sommes soumis à de très fortes contraintes d’approvisionnement. Nous faisons face à des phénomènes de produits sous quota pour certains médicaments et nous n’avons pas la main sur les quantités que nous pouvons commander. Dans ce contexte, notre choix d’avoir une plateforme nationale nous permet d’accélérer les flux. Auparavant, nous étions sur un schéma d’approvisionnement hebdomadaire. En gagnant le maximum de temps possible, les patients subissent le moins possible ces tensions.

Depuis quand avez-vous fait ce choix d’une plateforme centrale ?

Le choix de ce modèle unique dans la distribution pharmaceutique en Europe a été fait il y a sept ans, après le rachat d’OCP Répartition par le groupe américain Mc Kesson et le fonctionnement de cette plateforme de 48 000 m² est effectif depuis 2018. Plus de 70 % des unités que nous distribuons passent ainsi par Baule, où nous traitons en moyenne 1,7 million d’unités par jour et d’où partent tous les jours 22 camions vers nos 39 établissements en régions.

Etant donné les tensions d’approvisionnement, nous ne pouvons pas anticiper ce qui va se passer en amont

Vous vous êtes dernièrement doté d’un outil numérique qui permet d’amortir les effets de ces pénuries sur votre supply chain. En quoi consiste cet ?

Nous avons travaillé avec la société Eurodécision pour améliorer notre fonctionnement. Nous avons un fonctionnement de type DRP. C’est-à-dire que nous avons une équation de stock qui tourne tous les jours. Chaque jour nos outils SAP font le point sur les ventes qui ont été réalisées à destination de nos officines et cette vision consolidée détermine les réapprovisionnements qui vont être enclenchés. Mais nous sommes soumis à de très fortes variations de flux d’un jour à l’autre, d’autant plus que, étant donné les tensions d’approvisionnement, nous ne pouvons pas anticiper ce qui va se passer en amont. Dans ce contexte, notre chaine d’approvisionnement peut subir de très forts à-coups qui perturbent notre organisation. Nous avions donc besoin d’un outil qui nous permette de prioriser en tenant compte de nos capacités.

L’outil SCOP Capacity Planning d’Eurodécision est un outil de gestion de priorité à capacités contraintes 

Comment fonctionne cet outil ?

L’outil SCOP Capacity Planning d’Eurodécision est un outil de gestion de priorité à capacités contraintes : celles de nos transports, de nos établissements, de la production. Il est connecté aux prévisions de réapprovisionnement à partir de nos stocks gérés dans SAP et il prend la main sur les ordres de réapprovisionnement de la plateforme nationale à destination des 39 établissements compte tenu de nos priorités et de nos capacités. Nous avons du stock sur nos sites en région, mais aussi au niveau national. Si sur certains produits nous ne sommes pas à la journée près, il y a en revanche, une part de nos flux sur lesquels on ne peut pas attendre, d’où la nécessité de prioriser.

Sur notre plateforme de Baule, les ordres de livraison à expédier dans la journée arrivent le matin à 8 h 30 et les premiers camions partent à 13 h 30. Dans cette plage de temps très courte nos équipes n’ont pas le temps d’effectuer ces analyses de priorité sans un moteur de calcul.

Cette implémentation a-t-elle nécessité une phase de conduite du changement ?

Nous avons pris la décision de mettre en œuvre cet outil au mois de mai 2021, nous avons eu une phase de Proof of Concept en mai juin et nous avons démarré un pilote fin septembre. Nous avons fini l’implémentation générale en novembre. Il a fallu une phase d’acclimatation pour s’assurer que les réponses proposées par l’outil étaient pertinentes. Il ne fallait pas que ce lissage des flux vienne dégrader la disponibilité produit que nous souhaitons offrir aux clients. C’est un élément sur lequel nous devons nous démarquer de nos concurrents. Mais du point de vue des utilisateurs, les choses ont été assez souples et simples. Les équipes d’ordonnancement l’ont pris en main assez facilement.

Nous sommes également beaucoup plus fiables dans notre gestion des transports et nous n’avons plus besoin de recourir à des capacités supplémentaires

Quels KPI améliore cet outil ?

Nos établissements régionaux subissaient auparavant des fluctuations énormes d’un jour à l’autre. Les variations pouvaient passer rapidement de 50 à 80 palettes, voire de 100 à 200 palettes pour les plus grands. Nous avons réduit de 50 % la variabilité subie par nos établissements et nous avons gagné en prédictibilité. Là où les mois de jours fériés ou de ponts étaient des périodes compliquées, ce sont des obstacles que nous franchissons à présent plus facilement. Nous sommes également beaucoup plus fiables dans notre gestion des transports et nous n’avons plus besoin de recourir à des capacités supplémentaires par rapport à notre plan national. Ce qui est déterminant compte tenu de la hausse des coûts du carburant et de l’importance des questions de RSE.

La supply chain d’OCP Répartition en chiffres

Effectif supply chain : 185 personnes

39 établissements pharmaceutiques

2 500 préparateurs de commandes

16 000 officines de pharmacies livrées

1,7 million d’unités par jour traités

22 camions par jour