Schmidt Group : « La logistique accompagne le groupe dans sa croissance internationale »
David Geoffroy est le directeur logistique et approvisionnements du groupe Schmidt, un des leaders de l’aménagement sur mesure de l’habitat (Schmidt, Cuisinella, Spoon & Room et ID Pro). Deux sujets figurent tout en haut de sa liste de priorités : l’accompagnement du groupe à l’international et la question de la décarbonation.

Quelle est l’organisation supply actuelle du groupe Schmidt ?
Nous disposons de quatre usines : trois sont en Alsace dans un périmètre d’une trentaine de kilomètres, la quatrième est en Sarre allemande. Il faut savoir que nous n’avons pas de stock de produits finis car nous travaillons uniquement en make-to-order, c’est-à-dire que nous lançons la fabrication du meuble une fois qu’il est commandé par le client.
La production est donc ensuite immédiatement expédiée pour installation ?
Oui, exactement. Une fois fabriqués, les produits partent sur des plateformes tampons, en attendant d’être installés chez le client. En moyenne, ils sont stockés sur ces plateformes entre une à deux semaines. Nous avons actuellement un réseau de 60 plateformes partenaires en France. Elles ont donc en charge le stockage et la livraison jusqu’au client final, en fonction de la date de pose des meubles convenue entre le magasin vendeur et le client. Celle-ci doit intervenir 24 à 48 heures avant l’intervention des poseurs.
Nous avons aussi 18 plateformes en Espagne, deux au Royaume-Uni et nous en avons ouvert deux récemment en Belgique. Il s’agit des trois pays export principaux. Ailleurs, pour les pays avec des volumes plus faibles, nous livrons directement les magasins. Au total, nous sommes présents dans 23 pays.
Quel est le rôle de votre service sur ce sujet des plateformes ?
Nous sélectionnons et suivons les performances de ces plateformes. Nous les proposons aux magasins, mais ce sont bien eux qui décident de valider cette organisation. Ou pas. Nous ne les contraignons pas, nous sommes simplement prescripteurs. Toutefois, signe de l’efficacité du système, nous allons bientôt atteindre les 98 % de taux d’adhésion des magasins en France. C’est une excellente nouvelle.

Il y a 20 ans, lorsque je suis arrivé à ce poste, 50 % de nos livraisons étaient assurées par notre propre flotte, tous les produits arrivaient directement dans les magasins. C’était ensuite les poseurs qui récupéraient la marchandise sur place, la déplaçait puis la posait chez le client. Mais ce n’était pas optimal, ni économiquement, ni écologiquement. Économiquement parce que l’heure facturée par le poseur est bien plus chère que l’heure facturée par les livreurs des plateformes et écologiquement, parce que nos camions n’étaient pas complets, nous devions livrer 700 magasins au lieu de 60 plateformes. Cette massification permet de constituer des camions complets depuis nos usines et de ne plus faire de retour à vide. Le service est désormais entièrement externalisé.
Ces plateformes sont-elles gérées par plusieurs partenaires ou un seul sous-traitant ?
Pour l’instant, nous travaillons avec de multiples partenaires car ce réseau se construit progressivement. Aujourd’hui, le plus important de nos partenaires exploite huit plateformes.
A l’international, nous devons avancer car il faut accompagner le développement du groupe à l’export
Le maillage est désormais correct en France ?
Oui, pour la France, le maillage est aujourd’hui bien calé, il n’y a pas de zone blanche. En revanche, à l’international, nous devons avancer car il faut accompagner le développement du groupe à l’export. En Espagne, nous n’avons que 18 plateformes alors que c’est le pays qui connait la plus forte expansion. Nous allons devoir en ouvrir une demi-douzaine de plus mais c’est moins facile qu’en France car la logistique n’est pas aussi avancée. Au Royaume-Uni, nous allons en ouvrir deux de plus.
Quels sont les KPI que vous surveillez pour vos plateformes ?
J’ai six animateurs plateformes en permanence sur le terrain. Ils s’assurent de la santé financière de nos prestataires et vérifient le bon fonctionnement global. Nous surveillons particulièrement le taux de satisfaction des clients, le taux de casse et aussi le « taux de flash ». En effet, tous nos produits ont un code qui doit être flashé à chaque étape, dans l’usine et durant les étapes de livraison. Si nous constatons des dérives, nous mettons en place des plans d’action.
Nous travaillons à l’électrification des navettes qui effectuent des rotations entre trois usines alsaciennes
Le groupe Schmidt s’est lancé en 2020 dans une démarche de décarbonation, avec des objectifs de -45 % d’émissions sur ses activités directes et -30 % sur son scope 3, en amont et en aval. Comment la supply chain prend-elle sa part dans cette ambition ?
Il s’agit effectivement d’un point très important de la feuille de route du groupe dans son ensemble, et donc de la logistique. Nous travaillons à l’électrification des navettes qui effectuent des rotations entre trois usines alsaciennes. Nous en avons huit. Elles tournent en permanence en 2X8, de 5 heures à 21 heures, tous les jours, afin d’assurer la continuité du process de production réparti entre ces trois sites. Ces navettes sont assurées par quatre transporteurs prestataires. Il y a deux ans, nous avons commencé par électrifier une première navette. Depuis début 2025, nous en avons une seconde. Nous attendons désormais les nouveaux modèles de véhicules annoncés, avec des autonomies de 450 kilomètres, pour tester une navette électrique vers notre usine allemande. Aujourd’hui, les véhicules dont nous disposons pour nos navettes en France ont une autonomie de 200 kilomètres. Si nous utilisions les mêmes pour les navettes allemandes, cela signifie que nous devrions recharger en Allemagne où l’électricité est beaucoup plus carbonée, cela n’aurait donc aucun sens.

En parallèle, nous venons de signer un partenariat pour passer deux navettes en France et deux en Allemagne au HVO. Ce carburant a le grand avantage de ne demander aucune modification de moteur, le prestataire peut donc revenir en arrière le cas échéant. Nous développons aussi le HVO pour les livraisons des plateformes.
A horizon 2030, nos navettes seront à 100 % en électrique ou en HVO, et 50 % des livraisons jusqu’aux plateformes seront en HVO et 5 % en électrique
Quelle est l’ambition finale ?
A horizon 2030, nos navettes seront à 100 % en électrique ou en HVO, et 50 % des livraisons jusqu’aux plateformes seront en HVO et 5 % en électrique. L’étape d’après sera celle de la livraison des plateformes jusqu’au consommateur. Nous avons déjà une première plateforme équipée d’un porteur électrique. D’ici 2030, nous ambitionnons d’assurer 15 % de nos livraisons jusqu’au client en électrique. Les magasins pourront mettre en avant la livraison décarbonée.