Stratégie supply

Foodles : « La performance de notre logistique est un pilier de notre croissance »


Florian Bourserie est le directeur des opérations de Foodles, PME innovante de la restauration collective. Son créneau : la fourniture de frigos connectés et leur approvisionnement en produits cuisinés. Cet impératif de l’ultrafrais positionne son organisation logistique comme un des piliers de la performance globale de l’entreprise qui renforce à grands pas sa supply chain pour accompagner sa croissance.

Florian Bourserie, directeur des opérations. - © D.R.
Florian Bourserie, directeur des opérations. - © D.R.

EN CHIFFRES

Chiffre d’affaires 2024 : 65 M d’€, +40 % par rapport à 2023

Effectif total : 550 collaborateurs

Foodles a été créée en 2014 autour du concept de frigos connectés destinés à la restauration d’entreprise. Quelle est l’offre et la proposition de services de Foodles aujourd’hui ?

Nous mettons à disposition de nos clients sur abonnement des frigos connectés par RFID destinés à la restauration collective des adultes (entreprises, collectivités, universités, etc). Grâce aux données que nous collectons, nous réapprovisionnons ces frigos au plus près des besoins en plats, entrées, desserts, snacks etc. Depuis le rachat, en 2023, du traiteur Val D’Evre, nous réalisons en interne 50 % des préparations des plats que nous mettons à disposition dans nos cantines connectées.

Frigos connectés. - © Clement Savel
Frigos connectés. - © Clement Savel

Nous avons également une offre de click and collect qui permet aux salariés de nos clients de choisir parmi un éventail plus large que celui des frigos. Cette offre étant indépendante ou complémentaire à celle des frigos. L’entreprise ou la collectivité doit bien avoir souscrit à nos services pour que les utilisateurs puissent commander : un particulier, ou un salarié lambda, ne pourra pas commander son plateau repas chez Foodles.

Enfin, nous avons une offre « comptoir », la seule sur laquelle nous avons des collaborateurs en front office, avec des plats chauds, des bars à salades etc. Elle nous permet d’adresser des organisations qui n’étaient pas prêtes à switcher vers une offre de frigos connectés. Les préparations sont réalisées au sein de notre cuisine centrale en Ile-de-France.

L’offre « Comptoir » de Foodles. - © Clement Savel
L’offre « Comptoir » de Foodles. - © Clement Savel

Foodles affiche une croissance importante, +40 % de chiffre d’affaires en 2024 par rapport à 2023, comment s’explique ce bond en avant ?

Effectivement, notre chiffre d’affaires a augmenté de 20 millions d’euros sur chacune des deux dernières années. C’est un pas en avant significatif qui s’explique notamment par une maturation du marché, une technologie plus fiable etc. Et puis, nous étions pionniers mais nous voyons arriver de plus en plus de concurrents, et cela a paradoxalement un effet positif pour nous puisque nous portons désormais à plusieurs l’évangélisation du marché. L’effet post-covid est, par ailleurs, important à souligner. Avec la mise en place massive du télétravail, les besoins de restauration collective ont évolué, ils nécessitent plus de souplesse, qu’offre justement notre proposition.

Notre organisation repose sur un entrepôt central de 3 500 m² qui emploie 130 salariés, basé en région parisienne

Comment cette croissance forte est-elle soutenue par la logistique ?

La performance de la chaine logistique est primordiale dans l’organisation actuelle de Foodles et dans sa scalabilité. Aujourd’hui, notre organisation repose sur un entrepôt central de 3 500 m² qui emploie 130 salariés, basé en région parisienne. C’est ici que sont réceptionnés les produits issus de notre traiteur maison et ceux de nos prestataires extérieurs. Ces flux sont ensuite éclatés par des transporteurs, en température dirigée vers nos plateformes secondaires régionales, de taille plus modeste, depuis lesquelles nos clients sont livrés par nos collaborateurs avec nos flottes internes : 60 véhicules au total, dont 5 électriques. Nous avons quatre hubs régionaux actuellement mais ce maillage territorial est appelé à grandir.

Pouvez-vous préciser le maillage actuel ?

Nous avons une plateforme de 600 m² à Marseille, avec un satellite à Fréjus, nous en avons une à Lyon de 500 m² qui a été agrandie tout récemment et, le mois dernier, nous avons ouvert un hub de 400 m² à Bordeaux. Ces plateformes connaissent une croissance soutenue, au rythme de l’activité globale. En cumulé, elles emploient une centaine de collaborateurs.

Nous travaillons 7/7j, et pour 85 % des cas, les livraisons se font en moins de 24 heures. C’est un point important car nous travaillons avec de l’ultrafrais.

Entre fin 2023 et début 2025, nous avons réduit de 35 % notre taux de perte grâce à l’amélioration de nos algorithmes prédictifs

Quel est l’enjeu principal justement sur cette spécificité de l’ultrafrais ?

Nous devons être capables de satisfaire le client au mieux, sans rupture et sans indisponibilité mais sans gaspillage non plus, ce qui représente un enjeu économique et de RSE. Entre fin 2023 et début 2025, nous avons réduit de 35 % notre taux de perte grâce à l’amélioration de nos algorithmes prédictifs, basés sur toutes les données de consommation que nous collectons et que nous analysons. Un très gros travail a été réalisé pour trouver le bon équilibre entre la variété des produits et la disponibilité à l’heure du déjeuner. Nous sommes maintenant sur des taux de pertes de 8/9 %, c’est-à-dire dans la fourchette basse pour la restauration.

La prospection des nouveaux clients est-elle ciblée uniquement sur les alentours de vos hubs ?

Non. Depuis la création de Foodles, nous avons mis un point d’honneur à créer une offre adressable à la France entière. Lorsque nous gagnons la confiance d’un nouveau client qui ne se trouve pas dans le périmètre couvert par nos plateformes, nous le livrons directement depuis notre plateforme parisienne, via l’intermédiaire d’un prestataire logistique. Nous perdons alors, en moyenne, une journée sur les délais de livraison mais sans compromis sur la qualité.

Ce fonctionnement permet de créer des hubs régionaux progressivement sur les zones que nous voyons émerger et atteindre des seuils critiques. Nous allons poursuivre ce maillage. Les prochains hubs seront probablement créés sur l’Est de la France et sur l’Ouest, sans doute fin 2025, début 2026.

Des leviers d’amélioration concernant la gestion de vos tournées d’approvisionnement des frigos de vos clients ?

Nous avons aujourd’hui une couverture plutôt bonne sur ce sujet en termes de systèmes d’information. Nous utilisons le logiciel MTS-1 qui a été adapté par l’éditeur à nos besoins. Nous sommes déjà bien organisés je pense même si on peut toujours progresser sur l’organisation des tournées, qui sont récurrentes, et sur la question des accréditations. Ce dernier point étant un facteur qui peut venir perturber notre organisation habituelle. Nous intervenons en effet sur un certain nombre de lieux nécessitant une accréditation de nos chauffeurs (aéroports par exemple) : cela nécessite de concentrer les livraisons de lieux avec accréditations sur une même tournée, au détriment parfois de l’optimisation kilométrique.

Nous sommes en train de déployer le WMS Magistor de Savoye

Quels sont les prochains jalons logistiques de Foodles ?

Il nous manquait une brique fonctionnelle, elle va être mise en place prochainement : nous sommes en train de déployer le WMS Magistor de Savoye. C’est une étape importante demandant un travail conséquent mais cela nous ouvrira de nouvelles portes en matière d’excellence opérationnelle. Magistor nous permettra aussi de réduire les pertes et d’améliorer la traçabilité RFID des produits.

Nous avons par ailleurs un enjeu majeur sur notre schéma directeur en Île-de-France où nous connaissons une croissance forte. Nous disposons actuellement d’une seule position, nous réfléchissons à en déployer d’autres.