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Transport routier : la reprise espérée s’enlise entre demande faible et trésoreries exsangues


Après un court répit en juin, le transport routier de marchandises plonge de nouveau. Selon la récente note de conjoncture de l’Union TLF, la demande s’essouffle et le climat des affaires s’est largement détérioré. Les trésoreries demeurent sous pression et les défaillances d’entreprises se multiplient. Seule éclaircie : un regain d’investissement, porté par la baisse du coût du crédit.

Transport routier : la reprise espérée s’enlise entre demande faible et trésoreries exsangues
Transport routier : la reprise espérée s’enlise entre demande faible et trésoreries exsangues

Le climat des affaires dans le transport routier de marchandises (TRM) a replongé durant l’été. Après un petit bol d’air frais enregistré en juin, la fête est déjà finie. La dernière note de conjoncture de l’Union TLF brosse un portrait inquiétant. Le secteur doit faire avec une demande toujours plus faible, les tensions de trésorerie et les défaillances d’entreprises - malgré quelques signaux positifs sur l’investissement.

Une reprise nationale en trompe-l’œil

Malgré les tensions commerciales et les soubresauts géopolitiques, le PIB français a progressé de 0,3 %, un rythme supérieur aux attentes. Mais cette croissance repose surtout sur des stocks aéronautiques et automobiles. La consommation intérieure, elle, reste atone. L’acquis de croissance atteint 0,5 % à mi-année, laissant entrevoir un objectif gouvernemental de 0,7 % en 2025 encore atteignable.

Autre point important (et favorable) : la baisse du prix du baril de Brent, qui recule de 10 % en dollars et de 20 % en euros entre janvier et juillet, vient alléger la facture énergétique des entreprises comme des ménages. Pour autant, le moral des dirigeants n’est pas au beau fixe : à 95,8 points en août, l’indicateur du climat des affaires en France demeure sous sa moyenne de long terme pour le 17e mois consécutif.

Dans le transport routier, l’activité avait brièvement repris des couleurs en juin, avec un indicateur sectoriel repassé au-dessus de sa moyenne historique (102,1 points). Mais le retournement, enregistré dès juillet, a été brutal en août (97,2 points). Près de la moitié des dirigeants (47 %) pointent une insuffisance de la demande, un niveau bien supérieur à celui d’avant crise (environ un tiers en 2019).

Emploi et recrutement en berne, trésoreries sous tension

Fin mars 2025, le secteur employait près de 426 000 salariés, un effectif stable sur un an mais en recul de 1,1 % sur deux ans. Les perspectives d’emploi demeurent orientées à la baisse. Si les difficultés de recrutement s’atténuent (très) légèrement, elles restent aiguës pour les conducteurs : un tiers des transporteurs peinent encore à embaucher du personnel roulant, contre 16 % pour le personnel non roulant.

La situation financière est tout aussi préoccupante. Le solde d’opinion sur la trésorerie, suivi par la Banque de France, ne montre aucun redressement. Selon l’Insee, une légère amélioration avait été perçue en juillet, mais à un niveau bien inférieur à la moyenne de long terme.Signe tangible des difficultés : le nombre de défaillances reste élevé. Le cabinet Ellisphere a recensé 636 entreprises de TRM en procédure collective au premier trimestre.

Un regain d’investissement

Seul point positif dans tout ce marasme, les projets d’investissement repartent. Leur solde d’opinion retrouve en juillet sa moyenne de longue période. Cette dynamique est favorisée par l’assouplissement du coût du crédit : les taux bancaires aux entreprises, tous secteurs confondus, sont tombés à 3,6 % en juin, soit 1,2 point de moins qu’un an auparavant.