Isotoner France : « Nous devons développer nos capacités logistiques pour accompagner la croissance »
Par Guillaume Trecan | Le | Industrie
Jérôme Labro est le directeur logistique de l’entreprise Isotoner France. Il pilote un chantier de réorganisation de la logistique associée à un doublement des surfaces. Objectif : accompagner la croissance de l’entreprise qui est espérée à plus 10 % en 2025.

Propos recueillis par Stéphanie Gallo Triouleyre
Contexte
Isotoner France est une entreprise historique - née il y a 115 ans dans le Cantal où elle a toujours son siège - très connue des Français notamment pour ses gants, ses chaussons et ses parapluies. Elle appartenait jusqu’en juin dernier à l’Américain Totes Isotoner Corporation, qui l’a cédée à Marquee Brands, une holding américaine. Dans le même temps, Didier Hamm, ex dirigeant des chaussures Royer, a repris Isotoner France, et par là-même les activités opérationnelles d’Isotoner pour l’Europe.
Depuis le retour au pavillon français, il y a quelques mois, vous avez relancé un projet d’agrandissement de vos entrepôts qui avait été évoqué en 2021. Expliquez-nous les enjeux.
Aujourd’hui, nous disposons d’une unique plateforme logistique pour l’Europe, dans le Cantal, sur notre siège historique de Saint-Martin-Valmeroux, avec 10 000m² disponibles. Au fil des années et de la croissance, nous avons dû déporter quelques espaces supplémentaires avec plusieurs entrepôts supplémentaires à proximité. C’est avec cette surface, et une équipe de 130 salariés dédiés à la logistique (170 en période haute), que nous assurons chaque année la réception de 500 conteneurs de produits fabriqués en Asie (et débarqués à Fos-sur-Mer), leur reconditionnement, le re packaging personnalisé et l’expédition de 8 millions de pièces environ. Aujourd’hui, cette capacité devient trop limitée, nous avons besoin de plus d’espaces pour accompagner la croissance de l’entreprise et de plus de rationalisation pour une meilleure efficacité.
Vous évoquez une croissance, pourtant les secteurs de l’habillement et de la chaussure ne sont actuellement pas en très grande forme. Chez Isotoner France, tout va bien ?
Nous avons réalisé + 6 % en volume sur le deuxième semestre 2024 et nous prévoyons un +10 % pour 2025, avec un objectif de chiffre d’affaires de 83 millions d’euros. Nous sommes effectivement positionnés aujourd’hui dans une belle dynamique, en particulier. La notoriété de notre marque, l’innovation, la qualité des produits, notre positionnement prix jouent en notre faveur. Et puis, nous élargissons les gammes régulièrement. Dernièrement, nous avons par exemple lancé une gamme de petite maroquinerie ainsi qu’une sandale à double bride, des produits que nous ne proposions pas jusqu’à présent. La marque est présente dans plus de 7 000 points de vente.
Nous sommes capables d’expédier par plusieurs dizaines de milliers de pièces pour la grande distribution ou à l’unité pour le e-commerce
Et cela va continuer de croître, nous devons donc nous donner de nouveaux moyens logistiques pour servir aux mieux nos trois canaux de distribution : les hypers (soit les magasins en direct, soit via leurs plateformes logistiques), le retail (les magasins traditionnels, les chausseurs etc) et la vente en ligne soit en market place soit via notre site e-commerce. Nous sommes capables d’expédier par plusieurs dizaines de milliers de pièces pour la grande distribution ou à l’unité pour le e-commerce.
Quel est le projet logistique exactement ?
Nous allons investir 8 millions d’euros dans la construction d’un nouveau bâtiment de 10 000m², sur la même commune. Il devrait être opérationnel en janvier 2027 et pourra être associé à terme à la création d’une trentaine d’emplois. Cela permettra de doubler notre capacité de stockage et de supprimer les stocks déportés, et donc de rationnaliser notre organisation en centralisant sur un même site. Nous éviterons les transferts de marchandises que nous devons aujourd’hui piloter entre nos différents entrepôts. Ces flux supplémentaires coutent du temps et de l’argent.
Comment seront organisés vos deux entrepôts ? Quelle sera l’affectation de chacun ?
Nous allons les spécialiser par type de canal de distribution, afin de limiter voire supprimer complétement les échanges de marchandises entre sites. Cela signifie réception, stockage, préparation et expédition pour un type de flux, par exemple vers les hypers, sur un seul entrepôt. Et même à l’intérieur du canal hypers, l’ambition est de spécialiser des zones dans l’entrepôt : une destinée aux plateformes logistiques, une autre à la desserte par magasin, etc.
En termes de délais de livraison, cela changera quelque chose ?
Nous n’avons pas fixé d’objectif à l’heure actuelle. Mais il faut savoir que notre carnet de commandes pour les hypers est alimenté plusieurs mois à l’avance, ce qui signifie que nous sommes toujours en capacité de respecter les délais de livraison demandés par nos clients. Pour les réassorts, les délais sont à la semaine et de 48 heures pour le web. L’enjeu est plutôt de continuer à respecter ces délais dans un contexte d’accroissement des volumes.
Est-ce que ce développement de surfaces va être accompagné d’automatisation ?
Actuellement, nous avons des convoyeurs mais nous n’avons pas un haut niveau d’automatisation. Notre réussite est principalement basée sur le savoir-faire de nos collaborateurs. Il y aura peut-être des sujets d’automatisation à l’avenir mais comme à l’habitude, nous y irons par étape, prudemment, en fonction de la croissance.
Nous avons désormais besoin d’un outil plus structuré pour une meilleure fiabilité dans les stocks, plus de rapidité dans le traitement des informations etc.
Ce projet immobilier va toutefois être accompagné d’un autre point structurant, l’intégration d’un WMS. Quels sont les objectifs ?
Actuellement, nous nous appuyons sur un logiciel de gestion des stocks mais vu la croissance de nos flux ces dernières années, et celle que nous attendons, nous avons désormais besoin d’un outil plus structuré pour une meilleure fiabilité dans les stocks, plus de rapidité dans le traitement des informations etc. Le choix du prestataire n’est pas encore fait mais nous devrions pouvoir intégrer ce WMS d’ici la fin de l’année. Cela demande d’ici là, un travail sur notre organisation, nos fonctionnements. Cela passe par un déploiement en mode projet, avec des équipes des différents métiers de nos entrepôts.