Stratégie supply

La Chaire Supply Chain du futur crée un outil d’analyse des métiers et compétences de la Supply


A L’Ecole des Ponts Paris Tech, les experts du cabinet Argon & Co ont présenté la première mouture d’un Baromètre sur l’évolution des compétences dans la Supply Chain aux autres membres de la Chaire Supply Chain du futur : Renault, Michelin, Louis Vuitton, Décathlon. Cet outil promet à la fois de démystifier et de décloisonner la supply chain.

Anthony Plouvier, directeur de l’Ecole des Ponts Paris Tech et Fabrice Bonneau, Argon & Co. - © D.R.
Anthony Plouvier, directeur de l’Ecole des Ponts Paris Tech et Fabrice Bonneau, Argon & Co. - © D.R.

Les premiers résultats de cet Observatoire présentés par Argon & Co, jeudi 4 décembre, à ses quatre partenaires de la Chaire Supply Chain du futur, Renault, Michelin, Louis Vuitton, Décathlon, reposent sur six mois de collecte de profils de postes ouverts au recrutements extraits sur Linkedin et sur la plateforme Job Transport. Résultats : 11 000 offres d’emploi partout dans le monde, reclassées par typologie de métier et par compétences.

En ce qui concerne ces typologies de métiers ou filières de métiers, Argon & Co s’appuie sur son propre référentiel qui en liste huit ; six sont cœur de métier - Develop, Buy, Make, Plan, Deliver, Demand - et deux autres additionnels : Support et Enable. Pour ce qui est des compétences, en se fondant sur une analyse de la description des postes les experts d’Argon & Co ont listé pas moins de 16 464 compétences différentes, reclassées grâce à l’IA en 185 compétences, puis 30 catégories de compétences et finalement trois grandes familles : techniques, business et comportementales.

Un socle commun de compétences et des savoir-être

Six compétences transverses ressortent comme un socle commun des différents métiers de la Supply Chain  : Data, stratégie et vision, management d’équipe, communication, analytique, finances. Pour ce qui est des postes de direction, par exemple, les compétences les plus demandées sont managériales (83 %), analytiques (79 %), stratégiques (58 %) et durabilité (29 %). Les trois principaux secteurs recruteurs sont le conseil et l’ingénierie, la tech, le recrutement et l’intérim.

Lorsque que l’on prête attention dans le détail aux compétences qui sont appelées on voit bien que c’est une filière stratégique

Dans l’ensemble, c’est une image très riche de la supply chain que renvoie cette première mouture du Baromètre. « La majorité des gens ont la perception d’un métier très opérationnel mais lorsque que l’on prête attention dans le détail aux compétences qui sont appelées on voit bien que c’est une filière stratégique pour les entreprises », se réjouit Safia Matouk, Associate Partner en charge de la practice RH.

Mettre en lumière les passerelles entre métiers et hors de la supply chain

En termes de trajectoire et de métier, nous pouvons observer des facilités ou non à passer d’un métier à un autre

Mais au-delà de cette photographie en apparence statique, tout l’intérêt de l’outil repose dans sa capacité à être configurer par compétences, par métier, par géographie ou encore par secteur d’activité et tracer des passerelles entre métiers sur la base des compétences demandées. « Nous pouvons étudier un métier et voir comment il se comporte par rapport aux autres métiers de sa filière. Il est intéressant d’observer de qui il est proche à partir des compétences », explique Aurélie Delemarle, Principal chez Argon & Co, spécialiste de la transformation des organisations qui pilote ce projet pour le cabinet de conseil. « En termes de trajectoire et de métier, nous pouvons observer des facilités ou non à passer d’un métier à un autre », poursuit-elle.

Restitués sous forme d’une cartographie de compétences en nuages de points, les résultats permettent en effet de mettre en lumière les compétences que peuvent avoir en commun deux métiers en apparence éloignés l’un de l’autre. C’est évidemment une aubaine à saisir pour valoriser la fonction, puisque, plus les personnes qui la rejoindront auront de perspectives variées d’en sortir, plus les profils de haut niveau seront volontaires pour tenter l’aventure.

Cette modélisation pourra aider les RH à accompagner les carrières des collaborateurs en leur indiquant des parcours en fonction des compétences qu’ils ont développé

Un point que confirme notamment Noëlle Duflau, directrice du développement des compétences chez Décathlon : « Nous promouvons beaucoup de passerelle entre les filières pour enrichir les carrières. Cette modélisation pourra aider les RH à accompagner les carrières des collaborateurs en leur indiquant des parcours en fonction des compétences qu’ils ont développé. »

Un outil pour faire évoluer les formations et les recrutements

Cet outil qui sera mis à jour tous les mois et l’objet de la publication d’un Observatoire annuelle représente, de fait, un précieux atouts pour tous les partenaires de la chaire, à commencer par l’Ecole des Ponts Paris Tech, dans la mesure où ils nourrissent les réflexions de son directeur, Anthony Plouvier et tous les enseignants sur l’évolution des compétences d’un métier qui se complexifie. L’école assoit son offre de formation sur des verticales techniques solides - transport, construction, environnement… -, des savoir-faire tels que la supply chain sans oublier de plus en plus de savoir-être.

Pour l’école d’ingénieur, cette fenêtre ouverte sur les évolutions d’un métier ultra-connectée avec les évolutions technologiques autant que commerciales, permettra également de booster la pertinence de son offre de formation continue.

Suivre l’impact de l’IA et l’évolution des savoir-être

Parmi les tendances qui pourraient révolutionner la supply chain, Fabrice Bonneau, associé fondateur d’Argon & Co et président de No Chain Technologies fait un parallèle entre IA et savoir-être. « Des métiers très opérationnels de la supply chain sont impactés par l’intelligence artificielle de manière redoutable. D’autres dimensions seront portées en partie par l’IA. Les questions d’adaptation mais aussi de soft skills vont donc devenir fondamentales », analyse-t-il.

Notre objectif initial est de trouver des signaux faibles et de voir comment les métiers et les compétences vont évoluer pour que les entreprises puissent s’adapter

« Toute la valeur de l’observatoire va se trouver quand année après année nous allons pouvoir l’enrichir et voir comment évoluent les choses. Notre objectif initial est de trouver des signaux faibles et de voir comment les métiers et les compétences vont évoluer pour que les entreprises puissent s’adapter », explique Aurélie Delemarle.

De fait, parmi les évolutions que les experts d’Argon & Co veulent apporter à leur questionnaire, l’élargissement de l’étude à d’autres métiers connexes à ceux de la supply chain figure en bonne position. L’élargissement devrait aussi concerner les sources. Les offres des principaux cabinets de recrutement sont ainsi visées.