Logistique

800 millions de colis de moins de 150 euros livrés en France en 2024


Alors que la France tente de réguler cette tendance, les chiffres du ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique révèlebt l’avalanche des petits colis jusqu’ici exemptés de droit de douane qui a déferlé sur la France en 2024. Plus de 90 % de ses produits viennent de Chine.

1,5 milliard de colis ont été livrés sur le territoire en 2024. - © Getty Images/iStockphoto
1,5 milliard de colis ont été livrés sur le territoire en 2024. - © Getty Images/iStockphoto

La révolution des petits colis s’intensifie. Alors que le gouvernement français a dévoilé un plan d’action le 29 avril pour mieux réguler le commerce en ligne, les chiffres du ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique mettent en lumière une tendance déjà bien établie : l’explosion des flux provenant des plateformes internationales, notamment chinoises, redéfinit le commerce de détail en France.

En 2024, l’Union européenne a enregistré le transit de 4,6 milliards de colis d’une valeur unitaire inférieure à 150 euros. Parmi ces colis, 91 % proviennent de Chine, selon le ministère. Ce phénomène a pris une ampleur inédite : entre 2022 et 2024, le volume de ces petits colis a doublé.

10 000 tonnes de vêtements expédiées par jour par Shein, Temu et Alibaba

La France n’est pas en reste : en 2024, 1,5 milliard de colis ont été livrés dans le pays, dont 800 millions d’articles de moins de 150 euros, exemptés de droits de douane. Cette dynamique est à la fois volumétrique et structurelle, soutenue par une profonde évolution des comportements d’achat. Aujourd’hui, plus de 70 % des Français de plus de 15 ans déclarent avoir acheté un produit en ligne au cours des 12 derniers mois. Trois plateformes dominent cette dynamique : Shein expédie 5 000 tonnes de vêtements par jour dans le monde, principalement par voie aérienne, suivie de près par Temu avec 4 000 tonnes, et Alibaba avec 1 000 tonnes quotidiennes.

En trois ans, le chiffre d’affaires de Shein a augmenté de 900 %, selon le ministère. En France, son volume d’activité est désormais comparable à celui de Kiabi, bien que Shein n’ait aucun magasin physique, contrairement aux 350 points de vente de l’enseigne nordiste. Les répercussions sur le secteur textile sont déjà significatives : Shein, Temu et Amazon représentent ensemble 25 % des ventes de mode en ligne en France.

Des retailers sous pression et des capacités logistiques sous tension

Le textile n’est pas le seul segment touché. L’équipement du foyer - meubles, décoration, petits équipements - est également sous pression. En 2024, le marché global du secteur a reculé de 7 % en valeur et en volume en France, tandis que les importations chinoises ont augmenté de 11 % en valeur et de 22 % en volume, selon le ministère. Des plateformes comme Temu et Aliexpress captent une part croissante de ce marché, surtout pour les articles à faible valeur unitaire.

À court et moyen terme, cette situation pose plusieurs défis majeurs, tels que la concurrence accrue sur les prix bas et la pression tarifaire sur l’entrée de gamme, tant dans la mode que dans l’équipement de la maison. Avec l’accélération des cycles produits, Shein impose un rythme de renouvellement inédit, difficile à suivre pour les enseignes traditionnelles.

Enfin, la logistique du dernier kilomètre est sous tension avec l’augmentation des flux de petits colis, ce qui impacte déjà la capacité de traitement des plateformes logistiques françaises et pourrait affecter les délais de livraison pour tous les acteurs.

Lire l’analyse complète de cette étude dans Républik Retail Le Média