Logistique

Entrepôts : les KPI qui comptent vraiment en plateforme logistique


Les participants aux Supply Days des 16 et 17 octobre de Deauville ont débattu sur les KPI de performance d’un entrepôt avec le directeur logistique adjoint de Lidl, Gregory Podda : dimensionnement, adaptation conjoncturelle, indicateurs de performance en run, automatisation et leviers managériaux. Synthèse des propos les plus marquants.

Entrepôts : les KPI qui comptent vraiment en plateforme logistique
Entrepôts : les KPI qui comptent vraiment en plateforme logistique

Les trois points clés du débat

• Cadrer 5-10 KPI reliés aux décisions (service, productivité, coût, qualité, sécurité).

• Acheter de la flexibilité : mutualisation, options contractuelles, SI simple mais robuste.

• Automatiser où le ROI est avéré et former le middle management à l’amélioration continue.

Dimensionner un entrepôt : se projeter, arbitrer, puis accepter l’incertitude

« Nous travaillons sur des horizons à dix ans avec plusieurs scénarios de croissance, du best au worst case ; le bâtiment doit rester performant dans chaque hypothèse. »

« Entre décision et mise en service, il peut s’écouler cinq à sept ans : le vrai sujet est d’acheter de la flexibilité autant que des mètres carrés. »

« Quand la courbe dévie, on mutualise avant d’agrandir : regrouper des flux et fermer des débords coûte moins cher que d’ajouter du béton. »

L’enjeu n’est pas la boule de cristal, mais la résilience du schéma face aux aléas marché.

Quand la conjoncture casse les prévisions, l’agilité contractuelle et SI fait la différence

« On sécurise des options chez des prestataires, mais sur des durées modulables : plus c’est court, plus c’est cher ; l’équilibre se négocie. »

« Notre SI reste volontairement simple : créer un site, détourner des flux, traiter en mode dégradé quelques semaines si besoin, puis industrialiser. »

« L’externalisation n’est pas une doctrine : on la mobilise pour absorber un pic, pas pour oublier la gouvernance des flux et des stocks. »

La réactivité opérationnelle vaut souvent mieux qu’une architecture trop sophistiquée en pleine crise.

En régime établi, les bons KPI sont peu nombreux, stables et reliés aux décisions quotidiennes

« On suit la productivité utile (lignes ou colis par heure), le coût par commande et le taux de service ; mieux vaut dix indicateurs vivants qu’un mur de chiffres. »

« Les temps de traitement caristes, la réactivité aux réappros, la qualité de préparation et l’inventaire tournant objectivent les irritants terrain. »

« Les audits croisés et un tableau de bord commun aux sites évitent les débats de définition et concentrent les plans d’action. »

Un KPI n’a de valeur que s’il change un planning, un process ou une allocation de ressources.

L’automatisation promet un gain si elle répond à un besoin précis

« Avec peu de références, le ROI d’un système lourd est incertain ; on commence par les postes pénibles et répétitifs où l’AMR/AGV élimine les trajets sans valeur. »

« L’objectif n’est pas la 3D mais le débit fiable : moins de manutentions inutiles, moins de TMS, plus de régularité sur les pics. »

« On évite le “bazooka” : pilotage par cas d’usage, mesure avant/après, et intégration dans le planning des équipes. »

Automatiser, c’est industrialiser une bonne pratique… pas contourner un mauvais processus.

Le management de proximité reste le multiplicateur de performance le plus puissant

« Le turnover baisse quand la formation monte : suivre les modules, coacher sur la gestuelle, standardiser le picking fait gagner des points de productivité. »

« Le même préparateur peut échouer dans un secteur et réussir dans un autre : c’est au middle management d’orienter, pas de presser. »

« Intégrer les partenaires intérimaires sur site, partager les KPI et accompagner la montée en cadence dès la première semaine change le résultat. »

Avant de “demander plus”, on s’assure que le process permet de réussir à cadence cible.

En définitive, la performance d’un entrepôt se joue moins dans la surenchère d’indicateurs que dans l’alignement : dimensionnement flexible, données comparables, rituels managériaux et automatisation ciblée.