Stratégie supply

Coverguard Safety : « Ces investissements nous apportent une capacité à accompagner notre croissance »

Par Guillaume Trecan | Le | Industrie

Richard Crnjanski, directeur supply chain et IT du fabricant et distributeur d’équipements de protection individuelle explique les choix qui ont conduit à investir dans un nouvel entrepôt, à l’équiper avec de l’automatisation (Scallog) et à implémenter un nouveau WMS (Reflex).

Richard Crnjanski, directeur supply chain et IT. - © D.R.
Richard Crnjanski, directeur supply chain et IT. - © D.R.

Pouvez-vous nous présenter le groupe Coverguard ?

Coverguard est un acteur majeur sur le marché des équipements de protection individuel. En moins de dix ans, nous sommes passés du positionnement d’importateur à celui de fabricant et designer d’EPI. Notre équipe marketing fait fabriquer nos produits en fonction des besoins de nos clients. Elle est en contact avec plus d’une cinquantaine de fournisseurs à travers le monde et s’appuie sur notre usine de production de gants en Chine.

Comment la fonction supply chain est-elle organisée ?

La fonction supply chain comprend une équipe de 16 personnes dédiées à l’administration des ventes qui est le point de contact unique pour plus de 2 000 clients. Une trentaine de personnes travaillent également dans nos entrepôts qui ont pour objectif d’expédier dans la journée les commandes qui leur parviennent avant 12 heures afin que nos clients les reçoivent sous 24 à 48 heures. Nous avons également une équipe d’approvisionneurs qui couvrent notamment les sujets de douane et de transport. Enfin, Coverguard dispose d’un bureau de sourcing à Hong Kong avec une vingtaine de personnes dont la moitié est liée à la gestion du flux entre nos filiales et nos usines.

Nous devons gérer un très grand nombre de flux potentiellement différents avec environ 1 500 modèles de produits

Quelle est la complexité de votre supply chain ?

Notre engagement essentiel est d’apporter une réponse la plus efficiente possible à nos clients en termes de services, sur la livraison, bien sûr, mais aussi sur la relation clients, sur les litiges, sur la disponibilité du stock… Nous devons gérer un très grand nombre de flux potentiellement différents avec environ 1 500 modèles de produits. Une autre difficulté de notre logistique tient à nos délais d’approvisionnement très longs, en particulier dans le textile. Nous arrivons facilement à des délais de 6 à 9 mois entre la commande et la livraison. Cela implique du stock et une capacité d’anticipation et de prévision. Tous ces flux vont vers nos deux entrepôts en France et en Hongrie. Certains vont aussi en direct chez nos plus grands clients en conteneur.

Qu’est-ce qui a motivé la construction de votre nouvel entrepôt de Mionnay ?

A mon arrivée il y a sept ans, nous avions trois entrepôts dans la même zone industrielle à Miribel près de Lyon. Dans un premier temps, nous avons réussi à densifier nos entrepôts et en fermer un. Mais notre entrepôt principal n’était pas suffisamment grand pour contenir tout notre stock. Nous étions donc obligés d’avoir deux équipes séparées et des navettes entre les deux entrepôts, ce qui impliquait des difficultés de synchronisation des commandes et des coûts supplémentaires. L’un de ces deux entrepôts était également très ancien. Nous avions donc beaucoup à gagner à fusionner ces entrepôts et à en construire un nouveau permettant à nos collaborateurs de travailler dans de meilleures conditions.

Pour que l’impact social soit le plus neutre possible, nous cherchions ce nouvel entrepôt dans les dix kilomètres autour du premier. Nous avons trouvé cet emplacement à Mionnay. Avec le propriétaire de l’entrepôt, Argan et l’aménageur, JMG, nous avons pu construire l’entrepôt sur mesure par rapport à nos besoins. Nous avons maintenant la même surface au sol qu’avant, soit 13 000 m2, mais avec une hauteur utile de 10,6 mètres. Nous avons récupéré de la capacité de stockage, des quais fonctionnels et un outil aux dernières normes environnementales.

Chaque année, depuis deux ans, nos lignes de préparation à la pièce augmentent de 10 %

Avez-vous également adopté des éléments d’automatisation dans cet entrepôt ?

En effet, nous en avons profité pour intégrer une station Scallog avec cinq robots sur environ 600 m² pour gérer une partie des préparations de commande à la pièce que nous traitions jusqu’ici en picking classique. Chaque année, depuis deux ans, nos lignes de préparation à la pièce augmentent de 10 %. Au-delà de la logique de productivité, l’automatisation va permettre d’améliorer les conditions de travail de nos collaborateurs en entrepôt. Ils ont une ancienneté moyenne de 13 ans et nous devons mettre à leur disposition des moyens de travail les plus adaptés. Cet entrepôt est aussi le siège social du groupe et des filiales françaises, les 1 500 m2 de bureaux devaient donc être à notre image et donner envie aux gens de travailler chez Coverguard.

Cette phase d’investissement a-t-elle également une dimension outils numériques ?

Nous avons implanté un nouveau WMS, en adoptant Reflex pour remplacer le module WMS de notre ERP Microsoft AX que nous utilisions jusqu’ici. Accompagné par Reflex, nous avons aussi changé tous les équipements, tels que les lecteurs de codes à barre ou encore les imprimantes. Nous sommes passés sous environnement Androïd. Nous en avons profité pour changer toute l’infrastructure informatique du groupe pour renforcer la sécurité de nos données et du travail de nos équipes.

Ces nouveaux outils impliquent-ils une réorganisation de vos équipes ?

L’ouverture de notre nouvelle plateforme de Mionnay a simplifié la gestion opérationnelle en France, nous avons donc redéfini certains postes en conséquence. Ce n’est pas fini puisque nous adoptons de nouveaux process avec Scallog et Reflex. Nous avons redimensionné les collaborateurs de l’équipe logistique par rapport à ce nouvel environnement et nous l’avons impliquée au maximum dès le départ pour qu’elle accompagne ce changement.

Notre ambition est de doubler notre activité à l’échelle mondiale d’ici à 2030

Quel ROI attendez-vous de ces investissements dans la supply chain ?

Nous espérons un ROI assez court, aux alentours de trois à quatre ans. Au-delà de cela, nous tirerons aussi de cette opération des bénéfices dans la dimension RSE, pas seulement sous l’angle environnement mais aussi du point de vue de la qualité de travail des collaborateurs. Le troisième axe, peut-être à plus long terme, est que ces investissements nous apportent une capacité à accompagner notre croissance et notre ambition. Nous nous sommes dotés d’outils qui doivent nous permettre de passer des vitesses d’une manière beaucoup plus rapide qu’auparavant sur certains sujets. Notre ambition est de doubler notre activité à l’échelle mondiale d’ici à 2030.