Stratégie supply

Un consortium pour améliorer la traçabilité de la supply chain des cosmétiques

Par Guillaume Trecan | Le | Industrie

Cet article est référencé dans notre dossier : Dossier spécial Supply Days : ou quand la Logistique & le Transport sont au coeur des préoccupations

Plusieurs industriels du secteur des cosmétiques parmi lesquels Chanel, L’Oréal, Estée Lauder, Christian Dior ou encore Clarins viennent d’unir leurs forces dans un consortium baptisé TRASCE qui ambitionne d’améliorer la traçabilité de la chaine d’approvisionnement, en s’appuyant notamment sur la plateforme Transparency-One.

Julien Garry, directeur international du développement de l’innovation et des achats de Chanel. - © D.R.
Julien Garry, directeur international du développement de l’innovation et des achats de Chanel. - © D.R.

Baptisé TRASCE (TRaceability Alliance for Sustainable CosmEtics), ce consortium de quinze acteurs de l’industrie des cosmétiques a été constitué sous l’impulsion de Chanel. Ces industriels se sont unis pour améliorer la traçabilité de leur chaîne d’approvisionnement des composants clés des formules et des emballages de la filière. « L’enjeu final de notre alliance est de transformer les filières via des plans d’actions concertés entre donneurs d’ordres et fournisseurs », introduit Julien Garry, directeur international du développement de l’innovation et des achats de Chanel.

Nous estimons de façon hypothétique un rapport de 1 à 100 entre le nombre de fournisseurs de rang 1 et de dernier rang

Si la pression réglementaire croissante qui pèse sur les donneurs d’ordres à compter pour beaucoup dans l’envie d’unir les forces, les situations de rupture et de pénurie, liées à la crise Covid, aux perturbations climatiques et multiples tensions géopolitiques, ont poussés les membres du consortium à presser le pas et revoir leur approche en profondeur. « Le consortium TRASCE part d’un constat : les chaînes de valeur de l’industrie sont longues et complexes. Nous estimons de façon hypothétique un rapport de 1 à 100 entre le nombre de fournisseurs de rang 1 et de dernier rang (extraction ou culture), d’où l’intérêt d’une démarche collective de l’industrie », retrace Julien Garry.

Un accent mis sur la durabilité des filières

La montée en performance RSE de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement est bien sûr au cœur des préoccupations communes des donneurs d’ordres. « Nous voulons, avec ce consortium, faire progresser le secteur de l’industrie cosmétique dans son ensemble en mettant en place des filières plus durables. Et cela passe nécessairement par un alignement complet du secteur de la cosmétique autour d’une définition de ce qu’est la traçabilité ; une précision des indicateurs de suivi et de ladite traçabilité des chaines de valeurs aussi loin que possible », décrit Julien Garry.

Le consortium sera en mesure de déterminer des actions à mettre en place pour accompagner la transition sociale et environnementale des filières

Tous à leur échelle, dont Chanel, se sont heurtés à d’importantes difficultés au moment de tenter de cartographier leur chaîne d’approvisionnement. Pour le directeur des achats de la maison Chanel, qui s’appuie sur sa propre expérience, les limites de l’exercice sont telles qu’il était préférable d’unir ses forces avec d’autres acteurs. « En mutualisant les efforts de chacun afin de cartographier les chaînes d’approvisionnement de l’industrie, le consortium sera en mesure de déterminer des actions à mettre en place pour accompagner la transition sociale et environnementale des filières. Ce travail collectif est à la fois un facteur de simplification - avec une entrée unique des informations par les fournisseurs - et un outil d’accélération de la transition », explique le directeur international du développement de l’innovation et des achats de Chanel.

Transparency-One : une plateforme commune

En matière d’outil, là aussi les membres du consortium se sont engagés à travailler main dans la main. Ils recourront à une plateforme digitale commune portée par ISN, Transparency-One, pour assurer la traçabilité de leur supply chain amont. Cette plateforme est déjà utilisée et est très appréciée de plusieurs grands acteurs de l’industrie automobile ou agroalimentaire. À terme, le consortium entend parvenir à consolider son approche collective de l’analyse des risques RSE pour interpréter les données collectées et définir donc des plans de progrès communs.

Certains membres du consortium vont continuer d’entreprendre des démarches individuelles de traçabilité qui sont complémentaires et « qu’il ne faut pas opposer », clame Julien Garry. Clarins en est un exemple, avec sa plateforme de traçabilité des filières végétales basée sur la technologie blockchain, Clarins T.R.U.S.T, lancée l’an dernier.

La gouvernance de TRASCE accorde à chacun des membres fondateurs du consortium un droit de vote identique, quelle que soit sa taille et qu’il soit fournisseur ou marque. « Nous accueillerons volontiers d’autres marques et fournisseurs de l’industrie cosmétique pour qu’ils rejoignent l’initiative en tant que membres réguliers, selon les conditions définies dans le contrat de consortium », précise Julien Garry.

Les Quinze membres de Trasce

En plus de Chanel, Albéa, Clarins, Cosfibel powered by GPA Global, Dior, The Estée Lauder Companies, Groupe Pochet, L’Occitane en Provence, L’Oréal Groupe, Merck, Neyret, Nuxe, Sensient, Shiseido et Sisley ont intégré le consortium.