Stratégie supply

Un Pont entre recherche et industrie avec quatre grands chargeurs et un cabinet de conseil

Par Guillaume Trecan | Le | Industrie

L’Ecole des Ponts Paris Tech vient de signer un contrat sur cinq ans avec les groupes Renault, Michelin, Louis Vuitton, Décathlon et le cabinet Argon & Co pour une deuxième saison de la chaire Supply Chain du futur. Les projets développés seront principalement centrés sur les questions des outils digitaux, de la gestion des risques et du capital humain.

Un Pont entre recherche et industrie avec quatre grands chargeurs et un cabinet de conseil
Un Pont entre recherche et industrie avec quatre grands chargeurs et un cabinet de conseil

L’Ecole des Ponts Paris Tech a lancé la deuxième phase de sa chaire Supply Chain du futur créée en 2019 avec Michelin, Renault, Louis Vuitton et Cdiscount. Ce dernier passe son tour et deux nouveaux partenaires le remplacent : Décathlon et le cabinet de Conseil Argon & Co. La vocation de cette chaire est triple : former, partager, innover. « La chaire est très importante pour l’Ecole des Ponts parce qu’elle nous donne accès à des problématiques de recherche qui font le lien entre la recherche théorique et la recherche très spécialisée et c’est un super terrain d’apprentissage du métier pour nos élèves ingénieurs », explique le directeur de l’Ecole des Ponts Paris Tech, Anthony Briant. Les 900 ingénieurs que l’Ecole des Ponts Paris Tech forme chaque année sont autant de profils prometteurs à orienter vers la supply chain ou du moins sensibiliser aux subtilités de la fonction.

Digitalisation, économie circulaire et gestions des risques

L’Ecole réunit également une grande force de frappe d’innovation avec douze laboratoires, 100 chercheurs et 150 doctorants, dont les travaux peuvent facilement converger vers les préoccupations des industriels. « L’ambition de l’Ecole des Ponts c’est d’orienter à la fois sa création de savoir et ses activités de formation en direction de la transition écologique, de la transition environnementale, des transitions sociétales et de la transition numérique », insiste Anthony Briant. Des préoccupations en lien avec les thèmes sur lesquels les travaux communs des laboratoires de recherche de l’Ecole et les partenaires vont s’orienter : les outils digitaux au service de la performance de la supply chain, le capital humain et la gestion des risques, un sujet sur lequel l’accent va être plus particulièrement mis durant les cinq années que durera le contrat de partenariat.

Durant la première période d’existence, perturbée par le covid, quelques réalisations ont déjà vu le jour, notamment dans le domaine des outils. Appuyée par le laboratoire de génie industriel de l’Ecole, la direction supply chain du groupe Renault a par exemple pu développer un outil de traçabilité de ses deux millions d’emballages réutilisables. Une poignée d’étudiants de 2e et 3e année ont également participé à un projet sur la thématique de l’entrepôt du futur.

Impliquer les six départements de recherche de l’Ecole

Sur la période 2024 2029, l’ambition des signataires avec l’Ecole est de porter trois à quatre projets de postdoc sur des périodes de 15 à 18 mois. Plusieurs projets de stages proposés par les partenaires sur des périodes de deux à trois mois seront aussi lancés dans le cadre de la chaire. L’ambition de l’Ecole est aussi d’élargir le rayonnement de la chaire au-delà du seul laboratoire de génie industriel et de s’appuyer sur les six autres départements de l’école, en particulier, génie mécanique et matériaux, ou encore informatique.

L’optimum de l’entreprise au niveau de ses approvisionnements, de ses fournisseurs, de ses investissements, de ses capacités de production devient de plus en plus complexe à gérer

Convaincu par l’intérêt de mettre en commun leurs énergies, chacun des signataires va apporter une vision particulière. Pour Denis Le Vot, le directeur supply chain de Renault, la possibilité de co-développer dans le cadre de cette chaire des outils sur-mesure par rapport à ses préoccupations, notamment la gestion du risque en fait une opportunité unique. « Nous sommes en train de réorganiser notre entreprise en plusieurs pôles. L’optimum de l’entreprise au niveau de ses approvisionnements, de ses fournisseurs, de ses investissements, de ses capacités de production devient de plus en plus complexe à gérer. C’est pourquoi la supply chain prend de plus en plus d’importance. Comme tous nos partenaires de la chaire, nous sommes soumis à un changement de l’ordre mondial à plusieurs points de vue », explique le directeur supply chain de Renault qui cite en particulier les risques géopolitiques et climatiques.

Pour le constructeur automobile, ce partenariat complète celui déjà renouvelé en novembre avec le laboratoire Cermics de l’Ecole des Ponts.

Pour accélérer en matière d’innovation, nous devons aller sur des écosystèmes ouverts, sortir du laboratoire Michelin, qui a été très secret

Chez Michelin, la notion de collectif l’emporte, tout comme le groupe auvergnat l’a déjà démontré, par exemple en s’impliquant d’autres démarches ouvertes telles que l’appel d’offres groupés des chargeurs pour le transport vélique promu par France Supply Chain et l’AUTF. « Pour accélérer en matière d’innovation, nous devons aller sur des écosystèmes ouverts, sortir du laboratoire Michelin, qui a été très secret pendant de nombreuses années et nous appuyer les uns sur les autres », explique ainsi Pierre-Martin Huet.

Pour la nouvelle venue dans la chaire, Marine Graham, fraichement débauchée par Décathlon de la  direction supply chain de Nike, l’appétence pour des solutions technologiques au service de l’excellence logistique semble au plus haut. « La chaire est une opportunité pour Décathlon de rejoindre un écosystème de chercheurs, d’industriels et d’étudiants avec qui échanger sur les grands enjeux de demain, comme par exemple la circularité, l’optimisation de notre réseau logistique ou encore l’intégration de l’IA », témoigne-t-elle. Une première rencontre est programmée chez Décathlon pour les membres de la chaire en février.

Fabriquer juste, distribuer juste et être certain que l’on n’a pas utilisé un mètre carré de matière qui ne s’est pas transformé en produit

Une filière Ponts Paris Tech chez Vuitton

De son côté, le directeur supply chain de Louis Vuitton, Vincent Barale, met en avant la volonté de son entreprise de défendre ses convictions au sein de la chaire quant à l’évolution de la supply chain. Plaider pour une supply chain au service de l’environnement est son premier cheval de bataille, pas seulement en réduisant l’empreinte carbone de la supply chain, mais en « faisant d’avantage attention à la supply chain end to end pour fabriquer juste, distribuer juste et être certain que l’on n’a pas utilisé un mètre carré de matière qui ne s’est pas transformé en produit  ». L’intégration de nouveaux talents trouve également sa place dans ses motivations pour s’impliquer dans la chaire. « Il y a une filière des Ponts chez Vuitton et il est impressionnant de voir à quel point les étudiants sortant de l’école ont réussi et font de belles carrières », s’émerveille Vincent Barale.

Yvan Salamon, le président du cabinet Argon & Co n’a pas seulement la motivation de la reconnaissance pour l’Ecole qui l’a formé, mais aussi de nombreux sujets en commun. Le cabinet spécialisé en conseil dans les Opérations (Supply chain et Achats en particulier), qui développe près de 500 projets par an, s’est notamment intéressé à plusieurs sujets de recherche, dans l’IOT et son usage en matière de traçabilité dans les chaines d’approvisionnement mais aussi la RPA pour rendre plus efficace les process transactionnels.