Transport routier : la fin du repli, mais pas encore de reprise
Après plusieurs trimestres de recul, le transport routier de marchandises semble atteindre un point d’équilibre au troisième trimestre 2025. Mais cet équilibre est quelque peu fragile ; l’activité se stabilise à un niveau bas, les recrutements reprennent timidement, mais la confiance des dirigeants reste en berne.
Le troisième trimestre 2025 marque un tournant symbolique pour le TRM : celui d’une stabilisation après des mois de contraction. Selon la note de conjoncture publiée par la FNTR et l’Insee, le cycle de baisse semble interrompu. L’activité se fige toutefois à un niveau inférieur à sa moyenne de long terme, tandis que les perspectives pour le quatrième trimestre demeurent incertaines.
Une stagnation sans rebond
Les transporteurs observent une stabilisation de leur activité. Le secteur ne décroche plus, mais ne repart pas. Les chefs d’entreprise interrogés anticipent une stagnation similaire pour la fin d’année. Le climat reste donc morose, proche des niveaux observés pendant la crise sanitaire.
Cette atonie s’explique par une demande toujours fragile, en particulier l’industrie manufacturière et le bâtiment, où le climat des affaires, globalement stable, reste tout de même en dessous des moyennes historiques. Seules l’agroalimentaire et la fabrication de biens d’équipement montrent quelques signaux positifs.
Sur le plan social, la normalisation se poursuit. Les effectifs de conducteurs augmentent légèrement, traduisant une détente progressive du marché du travail. Le taux de transporteurs confrontés à des difficultés de recrutement a reculé à 40,3 % en juillet 2025, contre près de 60 % deux ans plus tôt. Ce mouvement témoigne d’un rééquilibrage après les tensions aiguës de la période post-Covid.
Investissements sous contrainte
Côté investissements, la prudence reste de mise. Les dépenses se limitent principalement au renouvellement du parc, sans signe de relance des projets de croissance. Le niveau global d’investissement demeure très en deçà de la moyenne de long terme, freinant la modernisation du secteur.
En outre, l’incertitude économique ressentie par les transporteurs repart à la hausse en septembre 2025. Le baromètre de la FNTR révèle un moral des dirigeants toujours très bas : 57 % d’entre eux se déclarent insatisfaits de la situation de leur entreprise, et 22 % se disent « en attente ». Les marges s’érodent, les volumes stagnent, et la hausse des coûts continue de peser lourdement sur la rentabilité.
Vers une stabilité sans relance
Le troisième trimestre 2025 s’apparente ainsi à un moment de pause dans le repli entamé en 2023 : la chute semble enrayée, mais la reprise n’est pas amorcée. Entre incertitude macroéconomique, coûts d’exploitation élevés et fragilité de la demande, le transport routier évolue dans un équilibre précaire.Les prochains mois diront si cette stabilisation prépare une lente reprise… ou une nouvelle phase d’attente.