Manutan repense son transport pour concilier performance et décarbonation
Acteur majeur du e-commerce BtoB, le groupe Manutan accélère la transformation de son modèle transport. Avec FRET21 comme cadre méthodologique, l’entreprise vise une nouvelle réduction de -10 % de ses émissions d’ici 2027. Gabriel Tellier, directeur transport, détaille une trajectoire conçue pour rendre le réseau plus robuste et compatible avec les enjeux de circularité.
Présent dans 17 pays et structuré autour de 25 filiales, Manutan fait partie des acteurs européens de référence pour la distribution d’équipements et de fournitures aux entreprises, collectivités et artisans. Le groupe engage aujourd’hui une transformation profonde de son modèle transport. Une évolution que détaille Gabriel Tellier, directeur transport du groupe, pour qui le Covid a marqué un tournant. « Le Covid a montré l’importance de la supply. Avant, la supply, c’était un peu l’intendance, la cinquième roue du carrosse. Aujourd’hui, avec les tensions globales et logistiques, c’est vital d’avoir un transport qui fonctionne, qui soit efficace, agile et robuste », souligne-t-il.
Une fiabilité qui devient centrale
La fiabilité est désormais au cœur de la stratégie transport de Manutan. Le groupe a structuré une revue régulière de la performance de livraison, fondée sur un suivi précis des données, du flashage initial jusqu’à la conformité finale. Gabriel Tellier décrit : « Manutan dispose d’une revue périodique de la performance de livraison grâce aux données, en impliquant systématiquement les transporteurs dans la recherche des causes de retard et la mise en place de plans d’amélioration continue. » Et d’ajouter que cette exigence répond directement aux attentes du marché : « Tous ne recherchent pas forcément la rapidité, mais avant tout la fiabilité. Le client attend d’être livré à la date annoncée ou informé de tout changement », précise-t-il.
Ce sera un mix : HVO, B100, électrique, hydrogène. Impossible d’avoir une seule énergie.
L’entreprise a également engagé une transition énergétique structurée. Le partenariat avec Mazet (Mazet, transporteur messagerie national) en est une illustration directe. Pour les volumes confiés par Manutan, « 86 % de la flotte Mazet roule déjà au B100, avec un objectif d’atteindre 100 % en 2028 », souligne Gabriel Tellier. Le groupe accompagne ses partenaires pour soutenir cette montée en puissance. « Nous tenons compte des plans d’investissement de nos transporteurs lors des négociations annuelles », ajoute-t-il. Pour l’avenir, il défend une pluralité de solutions : « Ce sera un mix : HVO, B100, électrique, hydrogène. Impossible d’avoir une seule énergie ».
FRET21 comme cadre de pilotage
Engagé depuis 2022 dans le dispositif FRET21, Manutan a structuré sa démarche carbone autour d’une méthodologie exigeante. « On ne connaissait pas nos émissions de CO₂ dans le détail. FRET21 nous a donné une méthodologie.
On ne connaissait pas nos émissions de CO₂ dans le détail. FRET21 nous a donné une méthodologie.
C’est lourd et manuel, et nous avons une mesure annuelle », explique Gabriel Tellier. Le premier cycle a dépassé les ambitions initiales : -12,6 % de réduction d’émissions, contre un objectif de -7 %. Le groupe prépare désormais une candidature au label FRET21 en 2026. Sa feuille de route repose sur quatre leviers : conversion énergétique, achats responsables, amélioration des taux de chargement et optimisation des distances.
Des données carbone à fiabiliser pour aller plus loin
Le pilotage par la donnée devient un enjeu majeur. Gabriel Tellier rappelle : « Nous mesurons nos émissions une fois par an grâce à FRET21. Cela nous permet de suivre l’évolution et de voir l’impact des leviers ». Manutan souhaite désormais renforcer la qualité de ces données. « Une partie des données est déclarative. Nous voulons aller vers une vérification des données. Les outils connectés aux camions permettent de mesurer la consommation et les émissions en temps réel », détaille-t-il. À terme, un pilotage unifié pourrait émerger : « Un reporting global transport + circularité est probablement possible. Les données existent. On pourrait imaginer une offre 100 % green. Ce n’est pas encore en place mais déjà réfléchi », conclut-il.