Le marché français de l’immobilier logistique freiné par des délais de décision toujours plus longs
Alors que 2 millions de m² ont été placés au 1er octobre 2025, le marché logistique français enregistre un recul de 17 % sur un an. Les entreprises prolongent leurs phases de décision dans un contexte économique incertain, ralentissant la dynamique de commercialisation.

Le marché français de l’immobilier logistique peine à retrouver le rythme. Dans son étude trimestrielle, JLL indique que 2 millions de m² ont été échangés au 1er octobre 2025, un volume en baisse de 17 % par rapport à la même période de 2024 et 27 % inférieur à la moyenne quinquennale.Un ralentissement qui reflète un climat économique et politique instable, marqué par une prudence accrue des décideurs. Le troisième trimestre 2025 illustre assez bien cette tendance avec 441 100 m² placés, soit 25 % de moins qu’à la même période l’an dernier. Les délais de décision s’allongent, retardant la concrétisation des opérations. En parallèle, le nombre de signatures s’érode : 118 depuis le début de l’année, contre 139 en 2024.
Les segments intermédiaires les plus touchés
La baisse d’activité affecte plus fortement les surfaces intermédiaires. Les bâtiments de 5 000 à 10 000 m² reculent de 18 %, tandis que les 10 000 à 20 000 m² enregistrent une chute vertigineuse(- 28 %). Après avoir vécu plusieurs trimestres porteurs, les plateformes XXL (> 40 000 m²) fléchissent de 20 %, quand les grandes surfaces (20 000-40 000 m²) parviennent à se maintenir (+3 %). Ces dernières confirment ainsi leur rang de segment stratégique, soutenu par les grands donneurs d’ordre et les acteurs du e-commerce.
Dorsale et hubs régionaux, les locomotives du marché
La Dorsale conserve son rôle de moteur, concentrant plus de 55 % de la demande placée. L’Île-de-France, en tête du peloton, pèse 21 % du total national (432 000 m²). Derrière, la région Centre-Val de Loire confirme sa montée en puissance, avec plus de 370 000 m² échangés, confortant son statut de hub majeur.
Pour Olivier Durif, directeur France, transaction industrie et logistique chez JLL, le marché reste globalement solide malgré la baisse de volume : « nous atterrissons à 2 millions de m² aux trois quarts de l’année, ce qui constitue un résultat conforme au contexte que nous traversons, avec un marché en phase de consolidation après les pics exceptionnels de 2021-2022. » Il souligne toutefois un phénomène paradoxal : « le temps de la réflexion stratégique augmente pour les entreprises, mais nous observons une nette accélération de la phase finale de négociation qui répond à une urgence des besoins opérationnels. Les valeurs locatives »prime« ne sont pas remises en question et démontrent une remarquable résilience pour les meilleurs actifs. »
Des fondamentaux qui restent porteurs
Malgré la baisse de la demande placée, les moteurs structurels demeurent globalement intacts. Les besoins liés à l’optimisation des chaînes d’approvisionnement, à la croissance du e-commerce et aux exigences ESG continuent et continueront d’alimenter la demande pour des bâtiments modernes, bien situés et performants.