Logistique

Geopost enregistre un chiffre d’affaires 2023 quasi similaire à celui de 2022

Par Mehdi Arhab | Le | Logisticien

Geopost marque un peu le pas, mais affiche tout de même un chiffre d’affaires en (très) légère croissance (+ 0,7 %), à hauteur de 15,7 milliards d’euros. Ses volumes de colis livrés sont somme toute identiques également à l’année 2022. La filiale du groupe La Poste tire en revanche parti de ses excellents résultats sur les livraisons « hors domicile » et « alimentaire », qui sont en plein boom.

Geopost enregistre un chiffre d’affaires 2023 quasi similaire à celui de 2022
Geopost enregistre un chiffre d’affaires 2023 quasi similaire à celui de 2022

Les conditions de marché ont été particulièrement difficiles, mais nos équipes ont réussi à tenir bon

L’année 2023 n’aura pas été de tout repos ; les incertitudes et plusieurs grandes perturbations, géopolitiques notamment, sont venues enrayer la bonne dynamique de Geopost. Après avoir enregistré un chiffre d’affaires en croissance de 6 % en 2022, le réseau international de livraison de colis de moins de 30 kilos du groupe La Poste a cette fois vu son chiffre d’affaires se maintenir à un niveau similaire. Le groupe a dégagé 15,69 milliards d’euros de chiffre d’affaires, en hausse de 0,7 % par rapport à 2022. Un résultat honorable, qui démontre à quel point Geopost a su s’adapter et rester compétitif face à des conditions assez défavorables. Chiffré à 669 millions d’euros en 2022, son résultat d’exploitation s’établit à 330 millions d’euros. Un chiffre qui s’élève à 635 millions d’euros, si l’on prend la donnée Retraité d'éléments exceptionnels. Geopost a en somme été confronté à des facteurs exogènes certains, la forte pression sur les coûts en étant un, les faibles taux de croissance en sont un autre. « Les conditions de marché ont été particulièrement difficiles, mais nos équipes ont réussi à tenir bon », a expliqué Yves Delmas, directeur général de Geopost. 

La filiale du groupe La Poste marque d’une certaine manière le pas. L’année 2023 aura été une année particulièrement difficile, 2022 l’avait été également, mais sans doute avait-elle été bien moins violente. Au même titre que le chiffre d’affaires, le nombre de colis livrés par Geopost dans le monde en 2023 est assez similaire à celui de 2022. Le volume de colis livrés, à savoir 2,1 milliards, est en effet stable, en baisse de seulement 0,6 %. Une performance notable en réalité, puisque pour la première fois le marché du e-commerce a baissé de manière significative en Allemagne (- 12 % en valeur), au Royaume-Uni (- 3 % en valeur) et en France (- 1,8 % en valeur), correspondant de fait à des baisses de volumes encore plus significatives. En additionnant l’Italie à ces trois pays, ces quatre contrées pèsent pour plus de la moitié du chiffre d’affaires de Geopost. 

La livraison hors domicile, un motif de satisfaction

Nous abordons l’année en cours avec calme et sérénité

Tous ces résultats peuvent paraître bien entendu décevants mais ne le sont en réalité aucunement pour Geopost. Et pour cause, ils sont le fruit de choix stratégiques : celui de consolider les principales activités de la filiale. « Nous abordons l’année en cours avec calme et sérénité », a d’ailleurs commenté Yves Delmas en conférence de presse. En premier lieu, celle sur la livraison hors domicile, qui prend de plus en plus de poids. L’accélération sur l’année 2023, par rapport à 2022, est tout bonnement impressionnante : + 25 % en volume. Le livreur compte désormais un peu plus de 100 000 points Pickup en Europe, contre 83 000 en fin d’année 2022, dont 18 000 en France, 25 000 en Pologne, 10 000 au Royaume-Uni, 8 000 en Allemagne, 7 500 en Italie, 5 000 en Espagne, et plus de 9 000 dans les pays nordiques (Danemark, Finlande, Norvège et Suède). Il a été l’un des, si ce n’est, le principal moteur de la bonne année de Geopost.

Pour rappel, la filiale ambitionnait d’en proposer au moins 100 000 en Europe à l’horizon 2025. C’est désormais chose faite donc. Par ailleurs, la filiale continue de déployer ses solutions de livraison à température contrôlée. Celles-ci le sont dans trois nouveaux pays, à savoir Le Portugal, l’Italie et la Lituanie. Geopost a ainsi enregistré une croissance de 14,4 % par rapport à 2022, avec 8,5 millions de biens alimentaires livrés grâce à des solutions de contrôle actif de la température. Au demeurant, comme c’est le cas depuis plusieurs années désormais, la livraison de produits de santé reste une priorité pour Geopost. Pour monter largement en cadence sur ce segment, la filiale du groupe La Poste a acquis de nombreuses entreprises expertes en transport à température contrôlée, telles que BK et Cool Runnings aux Pays-Bas. Son entité Biocair est toujours en plein essor, continuant de s’implanter aux États-Unis. 

En matière d’expansion, Geopost n’a d’ailleurs pas chômé. La création d’une joint-venture avec l’opérateur local argentin TASA Logística, DPD Argentine, a permis à l’entreprise d’affirmer sa présence en Amérique du Sud et de renforcer son réseau à l’international. En 2022, Geopost avait acté le rachat de CitySprint, le premier réseau de livraison le jour même au Royaume-Uni. CitySprint a pour sa part finalisé l’acquisition de deux acteurs régionaux du secteur, Astral et EcoSpeed, ainsi que l’augmentation de sa participation au capital d’Aramex, multinationale émiratie de logistique, de messagerie et de livraison de colis, passant de 24,9 % à 28 %. Mais c’est surtout au niveau européen que Geopost nourrit de grandes ambitions pour appuyer sa croissance. Et les motifs d’espoir sont nombreux, d’autant qu’en 2023, l’activité transfrontalière au sein du Vieux continent a progressé de 4 % par rapport à 2022.

Une trajectoire d’investissements revue largement à la baisse

En matière d’investissements, Geopost qui avait adressé 1,24 milliard d’euros en 2022, n’en a adressé qu’un peu plus de 660 millions d’euros sur l’année écoulée. La baisse est significative, mais il n’empêche que Geopost continue d’investir et pas qu’un peu. Un peu moins de 500 millions d’euros étaient destinés au développement de capacités de traitement des livraisons, à l’extension du réseau de distribution et le développement. Le reste l’a été pour des opérations de croissance externe.

Mais si la filiale du groupe La Poste a largement diminué ses investissements, elle continue en revanche d’avoir des ambitions extrêmement fortes en matière de décarbonation. Geopost avait à l’été 2023 affirmé sa volonté d’être « net zero » en émission nette d’ici 2040. Elle a même été la première entreprise mondiale de livraison de colis à voir ses objectifs de réduction des émissions de carbone à court et moyen terme approuvés par l’initiative SBTi. Avant d’embrasser le net zero, Geopost s’est donné pour objectif de réduire, à l’horizon 2030, de 43 % ses émissions de gaz à effet de serre des scopes 1, 2 et 3 par rapport à 2020. L’entreprise avance dans ce sens, doucement mais sûrement, indiquant avoir réduit en 2023 de 1,4 % ses émissions de GES par rapport à 2022, soit une réduction totale de 25 763 tonnes.

Déjà entamée, Geopost poursuit le renouvellement de sa flotte de livraison. Près de 8 500 véhicules à faibles émissions - électriques, gaz naturels et vélos cargos - étaient en service à travers l’Europe en fin d’année 2022 ; à fin décembre 2023, l’entreprise en a déployé plus de 500 de plus. Cela représente pas moins de 12,5 % de la flotte de véhicules de livraison du dernier kilomètre de Geopost (30 % en Hongrie, 27 % au Royaume-Uni) - avec 126 villes desservies à 100 % par des véhicules à faibles émissions. Geopost continue de recourir à des véhicules utilisant du biocarburant (HVO 100) dans les activités de transport longue et moyenne distance, en particulier au Royaume-Uni, en Irlande et aux Pays-Bas. Au total, près de 15 % des kilomètres parcourus par les véhicules longue distance de Geopost sont effectués au moyen d'énergies alternatives. Au demeurant, dans son programme d’investissement, l’entreprise a consacré « 51 millions d’euros d’Opex et 22 millions d’euros de Capex pour améliorer sa performance » environnementale, dixit Yves Delmas. Les trois quarts ont été dédiés à l'électrification du dernier kilomètre.