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[Etude] Un tiers des directions supply chain veulent évoluer en profondeur

Par Guillaume Trecan | Le | It

L’éditeur SAP rend public un observatoire sur les grandes tendances de la supply chain qui révèle l’ampleur des projets de transformation des organisations et des process. Un sujet porté en grande majorité par les directions générales. Décryptage par Rémy Vernet, directeur digital supply chain de SAP France.

Rémy Vernet, directeur digital supply chain SAP. - © D.R.
Rémy Vernet, directeur digital supply chain SAP. - © D.R.

La nécessité pour les supply chain de se réinventer a été largement martelée lors de la conférence inaugurale du Salon internationale de la logistique et du transport (SITL), notamment par la présidente de de France Logistique, Anne-Marie Idrac et par le PDG du groupe ID Logsitics, Eric Hémar. C’est également un fait largement admis par les professionnels de la supply chain. Dans une étude conduite fin 2022 auprès de 350 responsables supply chain, dont 200 Français, intitulée Tomorrow’s Supply Chain : Disruption Around Every Corner, SAP révèle ainsi que, en France, plus d’un tiers des professionnels de la supply chain (35 %) estiment que leur supply chain nécessite des changements significatifs et nombreux. Seuls 12 % considèrent qu’elle n’a besoin que de peu ou pas de changements. Dans les faits, 57 % du panel indique avoir programmé une évolution des process ou du design de la supply chain sous un ou deux ans.

« La transformation de la supply chain est devenue prioritaire », affirme Rémy Vernet, directeur digital supply chain de SAP France, citant à l’appui le chiffre de 59 % de répondants pour qui ce sujet bénéficie d’un sponsoring de la direction générale.

Une majorité d’entreprises en France estime que la démondialisation des chaines logistiques pourrait favoriser la croissance économique

Relocalisation et fin du juste à temps

Pour ce qui est de la nature de ces changements, quatre tendances ressortent en particulier en France : intégrer une prise en charge des imprévus dans la supply chain (74 %), des solutions respectueuses de l’environnement (70 %), des nouvelles technologies (66 %) et relocaliser des opérations (66 %).

« Une majorité d’entreprises en France estiment que la démondialisation des chaines logistiques pourrait favoriser la croissance économique, tandis qu’aux Pays-Bas la proportion est inverse », note Rémy Vernet ; 66 % des professionnels français interrogés sont dans ce cas et 100 % de leurs cinquante homologues belges interrogés. « Cette tendance s’accompagne d’une volonté de devenir plus indépendants et de relocaliser certaines productions et capacités manufacturières », complète le directeur digital supply chain de SAP France.

Une autre référence à la montée de la compétition et des tensions internationales ressort de l’étude, en ce qui concerne les attentes vis-à-vis des pouvoirs publics pour infléchir ces tendances : «  près de la moitié des entreprises souhaitent des mesures incitatives pour attirer de la main d’œuvre qualifiée provenant de l’étranger », explique Rémy Vernet.

Outre la mondialisation, la tendance de fond visée par ces changements est le concept de « juste à temps ». Près de neuf professionnels de la supply chain sur dix appellent de leurs vœux la fin de juste à temps (88 %).

Des nouveaux outils pour planifier, designer, tracer…

« Nos clients ont une ambition de ne plus être guidés par les seuls critères coût et délai, qui ont été longtemps les deux seuls indicateurs à piloter la supply chain. Ils doivent aussi construire une supply chain agile, résiliente et durable. En plus du souci de performance, il est nécessaire de faire des arbitrages, sur les process et les lieux de production, les matières sourcées… », résume Rémy Vernet.

Le directeur digital supply chain de l’éditeur concentre évidemment particulièrement son attention sur les 66 % de répondants qui prévoient d’adopter des nouvelles technologies. « Nous accompagnons nos clients dans les piliers de la supply chain que sont le design, la planification, le manufacturing, la logistique d’exécution et les services de maintien en condition opérationnelle offerts par certaines entreprises à leurs clients », explique Rémy Vernet.

Une fonction plus visible et mieux comprise

Les outils que les responsables supply chain appellent de leurs vœux devront les aider à mieux planifier en incorporant davantage de matières recyclées, à tracer les informations sur les produits, à les concevoir de manière plus responsable, à gérer la visibilité du transport, ou encore mesurer l’empreinte énergétique, y compris du scope3.

La bonne nouvelle dans cette étude, c’est finalement que tous ces changements ont déjà été précédés par une évolution majeure : les gains de visibilité de la fonction supply chain. « Nous avons mesuré la croissance des références à la supply chain dans les Learning School, elle a cru de 30 % », indique Rémy Vernet. Le fait est que le terme supply chain est aujourd’hui familier du grand public.