Transport

Quelques dizaines de millions d’euros en plus pour la décarbonation

Par Guillaume Trecan | Le | Route et fer

En ouverture du SITL, les ministres délégués Clément Beaune (Transport) et Roland Lescure (Industrie) ont dévoilé de nouveaux appels à projet pour plus d’une centaine de millions d’euros en soutien au développement du transport décarboné. De son côté, le président de l’Union TLF, Eric Hémar, appelle de ses vœux le développement d’infrastructures logistiques multimodales.

Au centre, Anne-Marie Idrac avec, à sa gauche, Roland Lescure et Clément Beaune. - © Républik
Au centre, Anne-Marie Idrac avec, à sa gauche, Roland Lescure et Clément Beaune. - © Républik

Lors de la conférence inaugurale du SITL, mardi 28 mars, Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports et Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’industrie, ont présenté de nouveaux appels à projets destinés à encourager le développement d’une logistique décarbonée.

60 millions d’euros + 15 millions d’euros

Une nouvelle enveloppe de 60 millions d’euros est ainsi consacrée à soutenir l’acquisition de plus de 500 camions électriques et l’installation de bornes de recharge, dans le cadre d’un nouvel appel à projets dont le cahier des charges est en cours d’élaboration. Sur ces 60 millions d’euros d’aides gouvernementales, 55 millions seront dédiées aux camions électriques et 5 millions d’euros à des autocars électriques. Un autre appel à projets porté par l’Ademe et baptisé « eXtrême Défi » bénéficie d’une aide de 15 millions d’euros de l’Etat pour le développement de véhicules intermédiaires, entre le vélo électrique et la voiture, destinés à la logistique du dernier kilomètre.

Ces enveloppes de subventions viennent s’ajouter à celle qui accompagne l’appel à projets « Soutien aux projets d’investissements pour produire en France les véhicules routiers de demain et leurs composants », présenté le mois dernier. Dans le cadre de cet appel à projets, les aides apportées au développement de poids lourds électriques pourraient dépasser les 40 millions d’euros.

Le ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure, a également présenté les huit lauréats du second volet de l’appel à projet « Logistique 4.0 », qui vont se partager 32 millions d’euros de financement, dont 12 millions d’euros de subventions apportées par l’Etat.

Huit pépites de la logistique 4.0

Autonomous Pack - Goodflow, IMT, Inria, IRCICA : emballage réutilisable, traçable, mutualisable entre industriels.

Califrais - Califrais et Sorbonne Université : mutualisation et optimisation des flux logistiques des acteurs du réseau des marchés de gros de l’alimentation.

CO2CKPIT - Wakeo : outil de diagnostic et de proposition de réduction des émissions de CO2 lié au transport de marchandises.

Jumel - Daher Aerospace : outil d’aide à la décision générique pour la logistique sous forme d’un jumeau numérique, facilitant le pilotage et la simulation d’organisations logistiques.

Login - Ouest France : système innovant de reverse logistique pour les journaux.

Mesh - In Continu et Services : structuration d’une chaîne complète et ouverte de production et d’utilisation d’identité digitale, de justificatifs vérifiables dématérialisés, de traçabilité de la signature digitale et d’un point d’accès (plateforme de confiance Business to Government).

Moove On Bike - BeWheel : vélos et vélos cargos à assistance électrique répondant à un spectre d’usages élargi et plateforme digitale de services.

Nabu : plateforme Saas pour digitaliser et automatiser les opérations de traitement des documents liés au transport de marchandises.

 

Nous aurons besoin d’artificialisation, au bénéfice de la transition écologique, dans certaines zones industrielles 

Vers un assouplissement de la loi ZAN

Clément Beaune a également profité de la tribune qui lui était offerte pour affirmer sa volonté de soutenir le développement d’infrastructures multimodales, en adoptant une lecture souple de la loi ZAN, Zéro artificialisation nette des sols. « Une des faiblesses françaises est l’évacuation de marchandises par le fret depuis nos ports. Nous aurons besoin de foncier. Nous aurons besoin d’artificialisation, au bénéfice de la transition écologique, dans certaines zones industrielles », annonce ainsi Clément Beaune.

Une réponse à la posture dubitative adoptée par le président de l’Union des entreprises de transport et logistique de France (Union TLF), Eric Hémar, qui estimait un peu plus tôt : « la seule façon de passer sur du flux décarboné est d’avoir des zones logistiques embranchées ». Un appel à l’Etat pour qu’il participe au développement d’infrastructures permettant une massification des flux multimodaux, en s’appuyant notamment sur des réseaux ferroviaires et fluviaux mieux aménagés.

En quarante ans, peu de choses ont changé. Notre monde de la logistique est un monde qui a connu des améliorations mais pas de rupture 

Le président d’ID Logistics n’a pas hésité à tempérer les enthousiasmes, notamment d’Anne-Marie Idrac, présidente de France Logistique, concernant les révolutions rencontrées par la supply chain sur les quarante dernières années. « En quarante ans, peu de choses ont changé. Notre monde de la logistique est un monde qui a connu des améliorations mais pas de rupture », l’a-t-il contredite, avant de trancher : « le temps des ruptures est devant nous. »

« Il ne faut pas se bercer d’illusion. Les gens vont continuer à vouloir de plus en plus de produits, de plus en plus vite. Notre contrainte, à nous transporteurs et logisticiens est d’accompagner cette tendance en la rendant la moins négative possible », estime Eric Hémar pour qui les deux grandes ruptures qui s’annoncent pour le secteur du transport et de la logistique sont le verdissement des flottes et la massification des flux au bénéfice du développement de nouvelles zones logistiques multimodales.