Stratégie supply

Lyreco : « Nous ressentons un besoin crucial de fiabiliser la prévision de vente »

Par Guillaume Trecan | Le | Retail

Cet article est référencé dans notre dossier : Dossier spécial E-Commerce : une supply chain pressée, précise et tech

Grand témoin des Supply Days e-commerce organisés à Deauville les 30 et 31 janvier 2024, le directeur Demand & Supply du distributeur Lyreco, David Licour a entrepris depuis un an de muscler les performances de l’entreprise en matière de forecast et de diffuser une culture du S&OP à tous les niveaux et jusqu’à la direction générale. Prémices de l’atelier débat du 31 janvier (11h30-12h15) « Comment mieux gérer la variabilité des commandes ? ».

David Licour, Demand & Supply Director de Lyreco. - © D.R.
David Licour, Demand & Supply Director de Lyreco. - © D.R.

Quelles sont les premières mesures que vous avez prises depuis la création de votre fonction de Demand & Supply Director de Lyreco en février ?

Nous venons d’investir dans un outil APS, Relex. Nous avons choisi cet outil pour la qualité de ces forecast. Au-delà de la mise en place d’un outil, il s’agit un renforcement de la fonction Demand forecast pour aller vers des processus S&OP. Nous sommes en train de construire le design de l’outil pour déployer le premier pays pilote fin 2024. D’ici là nous allons engager les équipes dans des formations sur le Demand et supply Planning, les forecast et les process S&OP. Ces formations ne concerneront pas seulement les équipes Demand & Supply. Les fonctions Merchandising et Ventes vont également être formées au S&OP.

La qualité de nos prévisions déterminera la qualité de nos approvisionnements et de notre gestion de stock

Quel est l’élément déclencheur qui a incité Lyreco à créer votre fonction précisément cette année ?

Nous ressentons un besoin crucial de fiabiliser la prévision de vente. La qualité de nos prévisions déterminera la qualité de nos approvisionnements et de notre gestion de stock. La fiabilité de nos prévisions de vente doit être rehaussée. Le manque de prévision de vente fiables, a pu générer du surstock. En même temps que ces surstocks, nous avons subi, sur certaines gammes, deux à trois fois plus de ruptures par rapport à une situation habituelle. Le taux de service fournisseur était aussi dégradé. Tout cela s’est beaucoup amélioré depuis la fin 2022, mais nous ne sommes pas encore à la hauteur de nos ambitions.

Nous voulons aussi améliorer notre taux de service fournisseur. C’est une évidence en BtoC et cela s’applique aussi sur notre segment BtoB. Nous devons impulser une culture de la performance chez nos fournisseurs. Nous sommes parfois face à des sociétés très importantes - des industriels qui livrent aussi le retail, mais n’ont pas le même taux de service avec des distributeurs BtoB. Ce n’est plus possible parce que nous compensons ce mauvais taux de service par des stocks de sécurité sur certains produits sans pour autant être à l’abri de ruptures sur d’autres.

La dimension technologique de cette montée en compétences sur le forecast est-elle un point clé ?

L’enjeu technologique est effectivement important. L’avance acquise par Relex en matière d’intelligence artificielle va nous permettre de faire un bond technologique. Le taux d’adoption de l’outil sera crucial. Il faudra donner une confiance dans l’outil parce que, jusqu’ici, les approvisionneurs corrigent souvent ce qui sort de notre précédent outil, dans lequel ils n’ont pas totalement confiance. Dans la phase actuelle de configuration de Relex, nous fermons justement la plupart des possibilités de corriger parce que nous voulons absolument que les prévisionnistes laissent faire l’outil.

Au-delà de la data, cela va impacter la stratégie. Le Merchandising doit être mobilisé

La data avec laquelle vous nourrissez l’outil est-elle de nature à inspirer cette confiance ?

La data est un autre enjeu clé. Nous devons mettre en place une gouvernance de la data dans tous nos pays, afin que la donnée produit, fournisseur et client que nous injectons dans Relex soit à jour. Au-delà de la data, cela va impacter la stratégie. Le Merchandising doit être mobilisé pour décider quelles sont les gammes prioritaires qui doivent être absolument disponibles pour le client. Nous partons de cette stratégie produit pour gérer la master data et injecter les bonnes informations dans Relex. Dans notre segment du BtoB, nous ferons aussi des prévisions au client, pour certains clients majeurs, dans le cadre d’un dialogue très précis entretenu par nos forces de vente en se fondant sur les prévisions.

La compréhension des enjeux S&OP n’est pas uniquement un projet d’approvisionnement ou un projet Supply, c’est un projet d’entreprise

Quelles sont les compétences à acquérir dans les formations que vous mettez en place ?

Il y a une formation à l’outil lui-même, assurée par l’éditeur. De notre côté, nous désignons des utilisateurs clés centraux et locaux qui vont servir de relais pour faciliter le déploiement de l’outil pays après pays. Mais, au-delà de la formation à l’outil, il y a la formation au métier. On ne peut pas faire d’approvisionneurs, qui ont parfois appris le métier sur le tas, des Demand Planners qui pratiquent le S&OP de manière fluide, du jour au lendemain. Ces formations ne toucheront d’ailleurs pas seulement les populations Demand & Supply, mais aussi les Ventes, le Merchandising, les Achats et jusqu’à la direction générale. La compréhension des enjeux S&OP n’est pas uniquement un projet d’approvisionnement ou un projet Supply, c’est un projet d’entreprise. Cet outil est l’architecture autour de laquelle nous allons construire de nouveaux process, de nouvelles organisations.

Comment abordez-vous la dimension conduite du changement du projet ?

Nous avons embarqué un cabinet de change management dans le déploiement de ce programme. La formation est un des éléments gérés par ce cabinet avec l’ensemble des DRH de chaque filiale. Mais, au-delà de cela, nous déployons un plan de communication en utilisant des outils divers (newsletters, speechs, interviews, réunions, flyers, affiches, goodies…). Le cabinet a aussi fait un mapping des populations qui seront concernées par ce projet afin de les adresser de façon spécifique en termes de changement. Le ″change″ est un élément clé de la réussite de ce projet. Nous devons donner du sens, rassurer, expliquer, former pour entrainer tout le monde vers nos objectifs.

  - © D.R.
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