Weldom, le laboratoire de la logistique de proximité au sein du groupe Adeo
Au sein du groupe Adeo, Weldom fait figure de laboratoire de la proximité. À Breuil-le-Sec, dans l’Oise, son entrepôt porté à 140 000 m² et désormais mécanisé symbolise la mutation logistique d’un réseau en pleine expansion. Conçu pour traiter jusqu’à 15 millions de lignes de commande par an, ce site illustre une approche industrielle au service du commerce de proximité et constitue un maillon clé dans la complémentarité avec Leroy Merlin.
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Au sein du groupe Adeo, qui rassemble notamment Leroy Merlin, Bricoman et Zôdio, Weldom s’impose comme la marque de la proximité. Avec 335 magasins répartis sur tout le territoire, dont 90 % en franchise, l’enseigne a fait du service local son ADN. Pour tenir cette promesse, elle s’appuie sur une logistique de pointe. Le site de Breuil-le-Sec, dans l’Oise, en est le centre névralgique : 140 000 mètres carrés mécanisés au sein des 200 000 m² exploités en France, 110 millions d’euros investis depuis 2017 et une capacité dépassant 15 millions de lignes de commandes préparées par an, soit plus d’un demi-milliard d’euros de marchandises livrées.
Breuil-le-Sec, un site clé pour 800 magasins servis d’ici 2027
« Le site a débuté sa construction au début des années 1990, se souvient Charles-Édouard Méliet, directeur supply chain de Weldom. Il s’est agrandi à la fin de la décennie, puis nous avons lancé en 2017 un plan d’investissement massif pour accompagner la croissance de l’enseigne. » Cette transformation a fait de Breuil-le-Sec une plateforme capable d’alimenter les 335 magasins Weldom et 460 clubs partenaires, avec pour ambition d’atteindre 1 000 points de vente servis à l’horizon 2027. Une première extension de 45 000 m² a été livrée en 2017, suivie d’une seconde de 42 000 m² en 2022, doublant la surface mécanisée et multipliant par 2,5 la capacité de traitement en cinq ans.
Nous disposons de cinq entrepôts au total, mais Breuil concentre l’essentiel de la mécanisation et des volumes
En parallèle, Weldom a étoffé son maillage national avec quatre entrepôts régionaux à Château-Thierry (Aisne), Grans (Provence), Montbartier (Tarn-et-Garonne) et Loudéac (Bretagne), opérés par Geodis, FM Logistique, Danjean et IDE Logistique. « Nous disposons de cinq entrepôts au total, mais Breuil concentre l’essentiel de la mécanisation et des volumes », précise le directeur supply chain.
Une réception pensée pour réduire les déchets et fluidifier les flux
Dans la zone de réception, les camions fournisseurs déchargent chaque jour leurs produits, aussitôt déconditionnés et transférés dans des bacs plastiques réutilisables. « Nous ouvrons tout dès la réception, explique Charles-Édouard Méliet. Cela évite que 80 % des déchets d’emballage ne partent en magasin et nous permet de les valoriser sur place. Aujourd’hui, 95 % des déchets du site sont valorisés. » Ce dispositif combine efficacité opérationnelle et engagement environnemental. Les produits, classés par famille de référence, suivent un flux propre et continu, prêts à ressortir dans le même conditionnement pour la mise en rayon.
Cette rigueur logistique s’inscrit dans une démarche RSE plus large : 95 % des transports sont désormais décarbonés grâce à des carburants alternatifs, entraînant une réduction de 70 % des émissions de CO₂ en trois ans. L’entreprise a par ailleurs rejoint le programme FRET21.
Nos franchisés doivent maîtriser leur trésorerie, d’où la vente à l’unité, souligne-t-il. Une ampoule, une vis, un marteau : tout est réapprovisionné à l’unité
Une exigence dictée par la structure même du réseau : des magasins de 400 à 4 000 m², centrés autour d’un format cœur de 1 800 à 2 000 m², où la gestion fine des stocks est essentielle. « Nos franchisés doivent maîtriser leur trésorerie, d’où la vente à l’unité, souligne-t-il. Une ampoule, une vis, un marteau : tout est réapprovisionné à l’unité. Cela évite le surstock et favorise la rotation des produits. » Résultat : 90 % des expéditions sont réalisées à l’unité et 95 % en dessous du sachet. Chaque magasin est livré au moins une fois par semaine, parfois quotidiennement pour les plus grands. « Le coût de livraison est identique pour tous, de Figeac à la Corse. C’est une vraie force : le même service pour chacun. »
Automatiser pour mieux travailler, pas pour réduire les effectifs
« L’automatisation n’a jamais eu vocation à supprimer des emplois, mais à améliorer la performance et la qualité de vie au travail », insiste Charles-Édouard Méliet. Depuis 2017, les effectifs sont passés de 210 à 350 CDI, auxquels s’ajoutent 80 à 150 intérimaires selon la saison. Cette modernisation a même favorisé la mixité : « Sur la zone petits produits, la majorité des opérateurs sont des femmes. La suppression du port de charge a rendu ces postes accessibles à tous, y compris aux personnes en situation de handicap. »
Les postes de travail sont désormais ergonomiques : les bacs sont automatiquement remontés à hauteur d’opérateur, supprimant les postures contraignantes. « L’opérateur ne se penche plus, le bac s’ajuste à lui », souligne le directeur supply chain. Ce confort se traduit directement dans les indicateurs : le NPS interne est passé de -2 à 71. La baisse de la pénibilité et la montée en compétences sur la maintenance, le pilotage des outils ou la supervision de flux automatisés expliquent cette progression spectaculaire.
Une préparation de commandes pilotée par la technologie Savoye
Après la réception, les bacs intègrent le système automatisé conçu par Savoye. « C’est ici que commence la partie mécanisée : les shuttles stockent et déplacent les bacs selon la technologie Goods-to-Person. Ce n’est plus l’opérateur qui va chercher la marchandise, mais la marchandise qui vient à lui. » Le système gère 94 000 bacs, soit 130 000 emplacements, pilotés par 150 navettes circulant dans 12 allées sur plusieurs niveaux. Les produits à forte rotation sont stockés au plus près des postes de préparation. « Le système apprend et s’auto-régule », ajoute Charles-Édouard Méliet.
Nous gérons 55 000 références, dont 40 000 de petits produits
Cette automatisation a fait bondir la productivité : de 150 à 200 lignes préparées par heure auparavant, un opérateur atteint désormais 420 lignes, et jusqu’à 750 sur certaines stations en pic d’activité. Chaque poste est équipé d’un système put-to-light : un voyant indique l’emplacement exact du produit et un écran affiche la référence, la quantité et la destination. « L’opérateur n’a plus à se concentrer sur la logique, tout est assisté, ce qui garantit fiabilité et cadence. » Les flux sont orchestrés par un logiciel interne interfacé avec l’ERP du groupe Adeo. « Nous gérons 55 000 références, dont 40 000 de petits produits. » En haute saison, jusqu’à 2,5 millions de lignes sont préparées chaque semaine. « Même pendant les travaux de 2022, nous n’avons eu aucun retard de livraison. » Les innovations récentes concernent l’emballage et la palettisation : « Des robots ferment les cartons et les placent sur palettes, comme dans l’automobile. Nous étudions désormais l’intégration d’AMR pour automatiser le déplacement des palettes d’ici 2026. »
Expédition : 100 camions par jour et un taux de service record
Une fois les commandes prêtes, les cartons rejoignent la zone d’expédition. « Les flux convergent vers des gares de palettisation automatisées : chaque colis est scanné, pesé, photographié et regroupé par destination », décrit le directeur supply chain. Le système compose les palettes selon le plan de chargement prédéfini, avant filmage automatisé. En période de forte activité, une centaine de semi-remorques quittent chaque jour le site, représentant 1 200 palettes expédiées quotidiennement.
Les franchisés peuvent modifier leurs commandes jusqu’à midi pour un départ le soir même
Le pilotage repose sur une gestion prédictive des tournées : « Le logiciel calcule les plans de transport selon les horaires magasins pour maximiser le remplissage et limiter les trajets à vide. » Le taux de service dépasse ainsi 99,3 %. La flexibilité reste un atout majeur : « Les franchisés peuvent modifier leurs commandes jusqu’à midi pour un départ le soir même. C’est une agilité digne de la grande distribution, au service du commerce local. »
Un hub stratégique dans la logistique mutualisée d’Adeo
Le site de Breuil-le-Sec dépasse le périmètre de Weldom. Il s’inscrit dans la stratégie globale d’Adeo visant à rationaliser les flux, mutualiser les investissements et adapter le modèle logistique aux différentes tailles de magasins. Les synergies avec Leroy Merlin illustrent cette logique : les deux enseignes partagent plusieurs entrepôts régionaux, dont celui de Loudéac (Bretagne), exploité conjointement pour optimiser les tournées et le taux de remplissage des camions. Weldom s’est spécialisée dans la préparation d’unités et de petits colis, un savoir-faire inédit au sein du groupe, tandis que Leroy Merlin gère des volumes plus massifs. Ce positionnement complémentaire permet à Adeo de couvrir tout le spectre du bricolage, du magasin de proximité au grand format périurbain.
L’investissement de 110 millions d’euros a été financé par Weldom, mais une refacturation interne est opérée ligne par ligne pour les flux Leroy Merlin. Aujourd’hui, l’e-commerce représente 2 % de l’activité du site, une part amenée à croître avec la marketplace du groupe. Chaque volume supplémentaire renforce la rentabilité de l’outil, qui pourrait demain servir aussi la marketplace de Leroy Merlin.
Nous restons positifs, y compris à fin septembre, dans un contexte globalement morose
Une logistique au service du développement du réseau
Cette puissance logistique soutient une croissance commerciale robuste. « Nous restons positifs, y compris à fin septembre, dans un contexte globalement morose », affirme Charles-Édouard Méliet. L’enseigne vise 400 magasins à court terme et poursuit la conversion des clubs partenaires en franchisés. Plus de la moitié du parc a déjà adopté le concept C9, qui valorise les univers déco, luminaire et peinture. Son directeur général, Éric Béchu, résume l’ambition : « Nous voulons poser avec nos adhérents les bases du bricolage de demain : plus de services, plus d’engagement citoyen et une relation renouvelée au projet et à la réparation. »