Stratégie supply

Après l’électroménager, Ecogem reconditionne des téléphones et tablettes en plein cœur de Paris


Après s’être fait un nom dans la réparation et le reconditionnement de gros électroménagers, Ecogem se lance dans le reconditionnement de téléphones et de tablettes. L’entreprise, propriété du groupe Pure Ventures qui emploie 200 personnes, a ouvert un atelier dédié à Paris. Avec cette activité, complètement intégrée, Ecogem nourrit de grandes ambitions. Et la logistique et les achats y sont cruciaux. Reportage :

Dans son atelier parisien, Ecogem traite et reconditionne jusqu’à 1 000 téléphones et tablettes - © D.R.
Dans son atelier parisien, Ecogem traite et reconditionne jusqu’à 1 000 téléphones et tablettes - © D.R.

Après le gros électroménager, Ecogem lance une nouvelle activité consacrée au reconditionnement de smartphones et tablettes. Propriété du groupe Pure Ventures, fondé en 2022 par Ahmed Chaieb et qui revendique 101 millions d’euros de chiffre d’affaires, le spécialiste de la transformation des déchets électroniques en ressources s’est imposé en un temps réduit comme un acteur majeur dans la collecte et le reconditionnement du gros électroménager. La jeune pousse assure avoir traité plus de 327 000 appareils de ce type, dont pas moins de 150 000 ont été réemployés depuis deux ans et demi.

Ecogem entend désormais accélérer le pas et c’est pourquoi l’entreprise met aussi un pied dans le monde de la téléphonie, dont le marché du reconditionnement et de la seconde main est bien plus mature et complet. Pour parvenir à ses fins, elle a détaché une nouvelle activité, baptisée Ecotel et a déployé un petit atelier intégré verticalement de 150 mètres carrés à la pointe de l’innovation, intégrant un diagnostic ultra précis assisté par quatre robots d’une valeur de plusieurs dizaines de milliers d’euros chacun. Cette petite usine, située non loin de Bercy, vient compléter le complexe historique d’Ecogem, un entrepôt de 4 000 mètres carrés, dans lequel l’entreprise réceptionne et traite entre 600 à 1 200 fours, lave-vaisselles, lave-linges et autres réfrigérateurs chaque jour.

La sous-traitance … à d’autres !

L’objectif est d’entrer dans le top dix des plus gros ateliers de reconditionnement de France

Avec son petit atelier parisien, Ecogem nourrit de grandes ambitions. L’entreprise y a investi pas moins de 500 000 euros et espère à terme remettre en état au moins 60 000 téléphones chaque année. « L’objectif est d’entrer dans le top dix des plus gros ateliers de reconditionnement de France », expose Benjamin Carlu, directeur des opérations d’Ecogem, chargé des achats, de la supply chain et de l’industrie. Depuis son ouverture en mars 2025, l’usine en a déjà traité et reconditionné près de 3 000.

Le processus, lui, est totalement intégré dans le sens où Ecogem a en effet fait le choix du make. Toutes les fonctions clés à l’activité, à savoir la logistique (réception/expédition), le diagnostic, la réparation et la microsoudure, ont en effet été internalisées. « Nous ne sous-traitons rien. C’est un choix et nous considérons que c’est un avantage concurrentiel, avance Benjamin Carlu. Et c’est assez rare pour être souligné, car cette activité est le plus souvent sous-traitée à l’étranger justement. À mon sens, la sous-traitance n’est pas forcément la chose la plus intéressante qui soit dans le domaine du reconditionnement et ce pour une raison : le coût du temps en cash est bien trop important sur la cote du produit à reconditionner. » Ecogem se pose ainsi comme un acteur unique du marché, où aucun autre ne s’appuie finalement sur ce même schéma.

Un bassin de sourcing appelé à évoluer de façon originale

Assis les uns à côté des autres, les dix salariés d’Ecotel opèrent chacun une tâche spécifique et se succèdent, à la chaîne, sur chacune des étapes du processus de réparation et de reconditionnement des appareils, de leur enregistrement dans la base de données aux réparations et autres microsoudures donc. « Nous avons également dégagé un petit espace à la réparation spécifique de pièces, dans lequel nous avons implanté une chambre blanche sans poussière », ajoute Benjamin Carlu. Un téléphone arrivé sur site le matin peut être traité, réparé et reconditionné dans la journée, avant de repartir le lendemain vers un des 60 magasins du réseau Cash Converters, avalé en début d’année par le groupe Pure Ventures justement.

L’enjeu, dans l’économie circulaire, est de bien travailler son sourcing

En amont, les téléphones et tablettes sont sourcées (très) majoritairement en Île-de-France, auprès des opérateurs téléphoniques du pays auxquels Ecogem s’est branché. « L’enjeu, dans l’économie circulaire, est de bien travailler son sourcing. Nous avons derrière la chance de nous appuyer sur une société sœur et son réseau de magasins qui nous permet d’effectuer d’importantes expérimentations. Tout industriel qui se respecte aimerait pouvoir commercialiser ce qu’il produit chez lui », estime Benjamin Carlu. Ecogem agit ainsi comme une interface industrielle, capable de réceptionner et de trier des flux importants de produits usagés collectés par les distributeurs de produits neufs. Elle les réinjecte ensuite auprès de son réseau de partenaires, en s’adaptant bien entendu aux structures et aux volumes qu’elles peuvent absorber. Avec Cash Converters, Ecogem a trouvé un partenaire de choix.

Et l’entreprise entend, à moyen terme, élargir son bassin de sourcing aux boutiques de sa société sœur. Ainsi, les appareils amenés en magasin seront renvoyés, si nécessaire, vers l’atelier parisien d’Ecotel pour être traités puis remis sur le marché au sein du même réseau de magasin. « Nous allons construire une logistique totalement dédiée », affirme le COO. « Cela nous permettra de former une boucle de circularité totale », poursuit-il. Mais les ambitions de COO ne s’arrêtent pas là. « Viendra peut-être le jour où l’on pourra acheter un téléphone reconditionné au comptoir de la supérette du coin en rase campagne ou alors auprès d’un buraliste. Tout reste encore à faire. Des flux sont à créer … »

Les pièces détachées compatibles et batteries, nécessaires à la réparation des téléphones et tablettes, sont quant à elles fournies en grande partie par des fabricants asiatiques. Dès son arrivée, en fin d’année 2024, Benjamin Carlu s’est attaché à nouer des relations partenariales avec un « pool de fournisseurs qualifiés », sur la base de contrats pluriannuels. « Nous voulons travailler avec ces fournisseurs sur le temps long. Nous nous inscrivons dans une logique de coopération. Nous ne cherchons pas du prix ici, mais bien de la qualité. La performance économique peut se trouver ailleurs », explique le directeur des opérations. « Nous privilégions tout de même le recours aux pièces d’origine ou reconditionnées par nos soins quand cela est possible, lesquelles ont été récupérées en amont sur les téléphones que l’on reçoit et qui ne peuvent être réparés. »

Après les téléphones, les PC, ordinateurs portables et consoles de jeu

Via cette solution industrielle tournée vers le réemploi, et non le recyclage, Ecogem espère également ressusciter d’autres appareils : consoles de jeu, ordinateurs portables et PC sont clairement dans le viseur. Les pistes à explorer sont nombreuses et pourraient même toucher d’autres biens et équipements. « Ces appareils ne sont pour le moment pas dans nos flux, mais ils font l’objet de projets d’avenir sur lesquels nous planchons », assure Benjamin Carlu. Ecogem pourra s’appuyer sur l’existant et ses expériences. Sur le gros électroménager, elle coopère avec différentes filières chargées des produits usagés. Elle a également développé, aussi bien sur l’électroménager que sur la téléphonie, des activités de réparation au service d’autrui et de SAV.