Stratégie supply

Club Supply Chain : décarbonera-t-on mieux sous pression ?

Par Guillaume Trecan | Le | Green

Le dîner du Club Supply Chain du 7 septembre a donné lieu à des débats passionnés sur le thème de la décarbonation. Quatre voies se dessinent, qu’il n’est pas interdit de combiner : ouvrir la boîte à idées, investir, changer les modèles, entreprendre des démarches collectives.

Club Supply Chain : décarbonera-t-on mieux sous pression ?
Club Supply Chain : décarbonera-t-on mieux sous pression ?

Beaucoup de pragmatisme et une pointe de controverse. Voici les ingrédients d’un dîner-débat réussi. Le pragmatisme, nous l’avons retrouvé dans la série de cas d’usage cités pêle-mêle par nos convives. Qu’ils soient issus du monde de l’industrie ou du commerce, de multinationales cotées en bourse ou de groupes familiaux, quelles que soient la nature de leur activité ou même les attentes de leurs clients en matière d’empreinte carbone, aucun ne reste inactif en la matière.

Un florilège de cas d’usage

Si beaucoup ont relevé en préambule leurs doutes sur la mesure de l’empreinte carbone et sur l’impact réel de leurs initiatives, l’idée qui l’emporte est que rien ne vaut l’action guidée par le bon sens. C’est un groupe industriel, spécialiste de la chimie et des matériaux qui opte pour le ferroviaire en s’appuyant sur un outil de mapping et de pilotage des flux dédiés au rail ; un leader du e-commerce investit dans la réduction des packaging, l’éco-design et la réduction du kilométrage de ses tournées ; un distributeur de produits électroménagers et électronique qui combine développement de la seconde-main et optimisation des tournées ; un groupe agro-alimentaire qui remet en cause l’assortiment et ajuste ses commandes, là encore, pour réduire ses kilomètres parcourus…

Décarboner en améliorant le business

Comme le résume le directeur des opérations d’un grand distributeur spécialisé qui multiplie les initiatives tendant à décarboner, « ce qui est difficile, ce n’est pas de décarboner. C’est de le faire avec des coûts plus bas, des commandes qui augmentent, une démarche qui coche toutes les cases. » Un brin provocateur, le directeur supply chain d’un grand groupe automobile, surenchérit en affirmant que c’est en contraignant ses équipes à décarboner à coût constant qu’il fait jaillir les meilleures idées. « La lutte contre le gaspillage est infinie et la pression va nous pousser à trouver des solutions », avance-t-il, enthousiaste.

Une énergie fatalement plus chère

La première case que les démarches de décarbonation vont permettre de cocher c’est au moins celle de la sobriété énergétique, constate un confrère directeur supply chain de la grande distribution qui note : « le transport c’est de l’énergie et au vu de l’augmentation des coûts de l’énergie, nous n’avons pas le choix. » Invitée à apporter une voix complémentaire au débat, la directrice de la RSE du transporteur Heppner qui a investi des sommes importantes dans la conversion de sa flotte rappelle cependant la difficulté d’être pionnier en la matière, tant les clients rechignent à assumer les surcoûts des motorisations alternatives au diesel.

Remettre en question la structure de la supply chain

Pour passer de l’intention à l’action, il reste en effet à affronter une certaine complexité. Plusieurs directeurs supply chain en ont fait leur priorité et concentrent leurs efforts sur le « supply design network », une étude approfondie de la structure de leurs flux internationaux et une remise en question permanente des sourcing, de la localisation des entrepôts, des routes, des moyens de transport.

Des démarches collectives entre concurrents

L’autre défi de taille qui permettrait de décarboner sans rendre le coût de la transition de modèle excessif, est celui du collectif. France Supply Chain l’a organisé dans son appel d’offres sur le transport maritime à la voile et prolonge la démarche pour le transport routier à l’hydrogène. Les directeurs supply chain représentants du secteur agroalimentaire évoquent pour leur part l’efficacité de la mutualisation des chargements entre concurrents. Mais leurs confrères d’autres secteurs d’activité rappellent les réticences culturelles de leurs entreprises sur ce point.

Encadrer les choix des consommateurs

Enfin, l’autre révolution en marche - du moins dans le commerce BtoC - est celle de la responsabilisation des consommateurs qui doivent pouvoir décider de leurs choix de livraison en étant conscient de leur impact environnemental… voire renoncer à certains services. Certains annoncent par exemple la fin des retours clients illimités et gratuits.