Logistique

La Poste investit dans l’immobilier pour devenir le leader de la logistique décarbonée

Par Guillaume Trecan | Le | Immobilier

Le groupe vient d’annoncer investir 200 millions d’euros d’ici 2026 pour compléter son parc en matière de logistique urbaine. Un fonds supplémentaire de 500 millions d’euros est en cours de constitution pour développer des projets de logistique urbaine dans les six prochaines années.

Le nouveau site de logistique ouvert par Colissimo sous l’ancienne poste de la rue du Louvre. - © D.R.
Le nouveau site de logistique ouvert par Colissimo sous l’ancienne poste de la rue du Louvre. - © D.R.

C’est depuis le site de logistique urbaine du dernier kilomètre ouvert en septembre dernier dans les sous-sols de l’ancienne Poste de la rue du Louvre à Paris, que le PDG du groupe La Poste a choisi d’annoncer ces investissements majeurs dans l’immobilier de logistique urbaine : 200 millions d’euros pour développer le parc du groupe et un fonds de 500 millions d’euros, abondé à 40 % par la Banque des Territoires et 20 % par un troisième acteur avec lequel les négociations devraient être conclues d’ici mi-décembre.

Jusqu’à 10 000 colis par jour à l’ancienne Poste du Louvre

Ce site emblématique opéré par Colissimo, le plus grand en matière de logistique urbaine de La Poste à Paris, illustre bien les ambitions du groupe. Il s’agit d’un espace de 2 900 m2 creusé dans les sous-sols de l’ancien bureau de Poste le plus emblématique de la capital, véritable site industriel en plein cœur de Paris. Il héberge désormais des commerces, des logements sociaux, une crèche, un commissariat, un hôtel haut de gamme et un espace logistique décarboné capable de traiter 5 500 colis par jour, 10 000 en période de pics d’activité.

La Poste en possède deux autres à Paris et une centaine au total en France, où le groupe multiplie les conventions avec des collectivités territoriales pour faire avancer ses ambitions en matière de logistique urbaine. Vingt-deux métropoles sont ainsi visées, dont dix ont d’ores et déjà signé des conventions avec le groupe : Bordeaux, Montpellier, Aix-Marseille, Lille, Brest, Grenoble, Paris, Clermont-Ferrand, Le Havre et Toulouse, fin octobre. Ces conventions comprennent notamment une dimension conseil et accompagnement par le groupe pour aider les villes à mettre en œuvre leur logistique urbaine et décarboner leur propre flotte. La Poste peut pour cela compter sur son expérience en la matière.

Nous avons passés près de 4 000 commandes auprès des constructeurs automobiles

Le groupe possède aujourd’hui 37 000 véhicules électriques, dont 18 000 vélos à assistance électrique, 10 000 véhicules à trois roues et 8 000 véhicules électriques à quatre roues. « Fin 2024, 100 % de nos livraisons seront totalement décarbonées. Nous allons doubler la flotte de véhicules électriques. Nous avons passés près de 4 000 commandes auprès des constructeurs automobiles », annonce le directeur général la branche Colis Courrier, Philippe Dorge.

Unir les forces pour assumer les surcoûts

« A condition que nous nous y mettions ensemble, les élus, les territoires et nous La Poste avec nos différentes filiales, nous pouvons rendre une logistique totalement décarbonée », défend le PDG du groupe, Philippe Wahl, pour qui le développement d’espace logistique de dernier kilomètre est l’autre clef du problème après le développement de la flotte.

L’enjeu est d’avoir des centres de mutualisation urbaine en périphérie des métropoles et des espaces de logistique urbaine au cœur de chacun des territoires

D’où le souhait du groupe de développer ce type d’espace avec l’idée de s’appuyer sur deux types de plateformes logistiques. « Si vous voulez décarboner une métropole, vous ne pouvez pas faire rentrer des camions diesel au cœur de la métropole. L’enjeu est donc d’avoir des centres de mutualisation urbaine en périphérie des métropoles et des espaces de logistique urbaine au cœur de chacun des territoires ».

S’entourer des territoires et d’autres partenaires à travers son fond dédié est pour le groupe une réponse direct au surcoût que représente inévitablement la logistique décarbonée. « La logistique décarbonée est plus chère que la logistique carbonée parce que les véhicules électriques restent plus chers que les véhicules à énergie fossile et parce que la logistique décarbonée implique une rupture de charge », rappelle Philippe Wahl.

Louer des espaces y compris à des concurrents

En plus de ses partenaires institutionnels et investisseurs, le groupe va donc également mettre à profit son patrimoine immobilier de logistique de 2 400 sites dont 1 200 en propriété pour générer des revenus locatifs, quitte à en louer des parties à d’éventuels concurrents. C’est exactement ce que fait le groupe en périphérie de Toulouse sur le site que le groupe a construit, où des locaux sont loués à UPS.

Au-delà de la France, le groupe a pour ambition, via Geopost de développer ses positions en logistique décarbonée dans 350 villes européennes.