Logistique

GLS France valide l’électrique pour le transport moyenne distance

Par Guillaume Trecan | Le | Logisticien

Le commissionnaire de transport GLS France vient de réaliser le test concluant d’un tracteur électrique de modèle FM 44 tonnes de Volvo Trucks pour son client le logisticien Staci, avec le transporteur MRTI. Pour inciter ses partenaires transport à investir dans ce type de véhicules, GLS France déploie déjà des bornes de recharge sur ses sites.

L’e-tracteur de Volvo a été testé sur des trajets de 160 kilomètres en Île de France. - © D.R.
L’e-tracteur de Volvo a été testé sur des trajets de 160 kilomètres en Île de France. - © D.R.

Entre le 2 et le 6 janvier, pour le compte de son client Staci et en partenariat avec son prestataire de transport MRTI, GLS France a effectué trois tournées d’environ 70 kilomètres entre son site de Gennevilliers (92) et le site de Staci à Saint-Ouen l’Aumône (95). « Les tracteurs routiers électriques sont des véhicules que très peu de personnes ont testé pour l’instant. L’idée de ce test opérationnel était de vérifier que ce e-tracteur est capable de faire une tournée de ramasse, voir quel était son comportement sur route, son autonomie réelle, est-ce que, avec ce type de véhicules, nous étions capables de tenir nos créneaux horaires », liste Cyrille Bouquin-Nicolas, responsable éco-livraison et éco-mobilité chez GLS France. Il a notamment accordé une attention particulière à la question du rechargement des batteries.

125 kwh au 100 kilomètres

Résultat, avec une charge de sept tonnes et ses six batteries de 560 kilowatts, l’e-tracteur de Volvo a démontré une autonomie de 325 à 350 kilomètres. Sur cette tournée de 167 kilomètres par jour en trois ramasses, le véhicule de démonstration de Volvo Trucks a affiché une consommation moyenne de 125 Kwh au 100 kilomètres et une capacité à autogénérer 34 kilowatts sur cette distance par la décélération et le freinage. « Nous sommes restés sur le même créneau horaire qu’avec un véhicule thermique », se satisfait Cyrille Bouquin-Nicolas.

Testé sur les 180 kilomètres qui séparent le site de GLS France de Roissy et Carvin (62), la vitesse moyenne de 80 km/h du camion impose un allongement du temps de trajet qui peut aller jusqu’à 20 minutes, ce qui obligerait GLS France - qui livrent ses clients sous 24 ou 48 heures - à revoir ses plans de transport.

Sur certaines agences, nous allons mêmes devoir installer des transformateurs électriques

« Nous allons devoir faire des investissements pour pouvoir accueillir des bornes spécifiques pour recharger des tracteurs routiers. Des bornes qui vont délivrer au minimum une puissance de 180 kwh voire 360 kwh, ce qui va impliquer un fort investissement de notre part, puisque, sur certaines agences, nous allons mêmes devoir installer des transformateurs électriques », complète Cyrille Bouquin-Nicolas, qui estime que le temps de recharge maximum sur les sites de GLS France ne devrait pas dépasser 2h30.

10 M d’€ investis dans un plan Climat Impact

Ces deux dernières années, la société a investi 1,75 million d’euros dans des bornes de recharge. Cela représente 184 bornes sur ses 96 sites en France. « Nous avons commencé à installer des bornes rapides et nos premiers super-chargeurs cette année, 60 % de nos sites sont déjà équipés de bornes de rechargement sur une vingtaine de sites et nous allons installer dès l’année prochaine les premières bornes pour accueillir des poids-lourds sur un de nos hubs. Au fur et à mesure, nous allons équiper tous nos hubs avec des bornes capables d’accueillir des poids-lourds », complète Cyrille Bouquin-Nicolas. L’enveloppe globale d’investissement de GLS France dans son programme Climat Protect, qui comprend également la rénovation énergétique des bâtiments, s’élève à 10 millions d’euros.

Ces bornes de recharge vont permettre à la société d’offrir à ses transports de recharger leurs véhicules gratuitement. Une manière de participer au surcoût de la transition énergétique, sachant qu’un tracteur électrique coûte environ trois fois le prix d’un tracteur thermique. Pour les aider, le groupe GLS joue par ailleurs de toute sa surface européenne pour négocier des tarifs préférentiels avec tous les constructeurs.

140 véhicules électriques sur un total de 2 800

Dans sa position de commissionnaire de transport, tout l’enjeu pour GLS consiste en effet à convaincre ses prestataires transport de s’engager dans la transition énergétique pour décarboner leur transport. Cela concerne une flotte sous-traitée de 2 800 véhicules utilitaires légers, de 400 semi-remorques et trains routiers portes-caisses. A l’heure actuelle, sur ce parc, seuls 140 véhicules électriques sont en activité pour GLS France. La route est longue mais le virage de l’électrique n’a été pris qu’il y a deux ans et, avec une soixantaine de véhicules électriques supplémentaires en cours de commande, la situation pourrait évoluer vite… si tant est que les délais de fabrication des constructeurs se réduisent.

Le coût d’une ramasse avec un véhicule électrique ne sera pas du tout le même qu’avec un véhicule thermique

L’équation économique du projet de déploiement de tracteurs électriques impliquera aussi le client et Cyrille Bouquin-Nicolas prévient : « le coût d’une ramasse avec un véhicule électrique ne sera pas du tout le même qu’avec un véhicule thermique. »

Une douzaine de véhicules roulant au GNV ont également été déployés, mais GLS France ne goûte guère cette option énergétique. « Nous n’avons aucune garantie que nos transporteurs vont prendre du bio-GNV, l’économie de CO2 sur ce type de véhicules étant, avec du bio gaz, assez importante mais sur la partie production : du puit à la pompe », remarque-t-il. L’hydrogène en revanche s’annonce prometteur pour la longue distance et devrait être testé par le commissionnaire entre la fin du premier semestre et le deuxième semestre 2023. « Il y aura un travail à faire sur leur prix, parce que le prix annoncé est pratiquement le double de celui d’un tracteur électrique », prévient le responsable éco-livraison et éco-mobilité.