Pro à Pro accélère la transformation de sa supply chain
Avec l’ouverture de son nouveau site tri-température de Duppigheim et une feuille de route structurée intégrant data, performance opérationnelle et engagements environnementaux, le grossiste alimentaire Pro à Pro accélère la modernisation de son réseau logistique. Benoît Lemerre, directeur supply chain de l’entreprise, détaille cette transformation qui doit la conduire vers la supply chain de 2030.
Pro à Pro en chiffres
Chiffre d’affaires : 1,269 Mds d'€
Effectif : 2 800 personnes
19 entrepôts et 22 plateformes de distribution
L’ouverture du nouveau site tri-température de Duppigheim marque une étape clé dans l’évolution du réseau logistique de Pro à Pro. L’entreprise, qui livre quotidiennement la restauration collective et commerciale, repense son organisation pour gagner en fiabilité, en performance et en proximité client. Cette transformation répond directement aux attentes du marché, comme le rappelle Benoît Lemerre, directeur supply chain de Pro à Pro : « Le premier enjeu de la supply chain n’est pas d’être digitalisée ou robotisée. Le premier enjeu, c’est de répondre à l’évolution des besoins de nos clients. »
Un modèle tri-température pour fiabiliser les flux
Jusqu’à présent, Pro à Pro s’appuyait sur trois entrepôts distincts pour traiter le sec, le frais et le surgelé. Cette organisation fragmentée multipliait les manipulations et augmentait les risques opérationnels. Avec Duppigheim, l’unification des flux change profondément la donne, comme le souligne Benoît Lemerre : « Aujourd’hui, pour livrer une offre tri-température, il fallait trois entrepôts différents. Plus on touche les produits, plus il y a des risques ». Ce nouveau modèle permet désormais de livrer le sec et le frais dans un même camion, en attendant l’intégration de la zone surgelée début 2027.
Cette approche sera progressivement déployée dans d’autres régions, notamment avec un futur entrepôt tri-température prévu à Angers en 2026. L’objectif est clair : rapprocher les stocks des clients et fiabiliser les flux à l’échelle nationale.
Que ce soit pour les produits à forte rotation ou les références très spécifiques, toute la force de la supply, c’est d’exécuter parfaitement la promesse vendue au client.
Performance opérationnelle : disponibilité, préparation et prévision
Au-delà de l’infrastructure, Pro à Pro conduit un important travail de fond pour renforcer la performance opérationnelle. Le groupe déploie un MRP (Material Requirements Planning), un système qui permet d’anticiper les besoins, de mieux planifier les approvisionnements et de réduire les risques de rupture. Comme le précise le directeur supply chain, « Le MRP nous permet d’anticiper beaucoup mieux. L’objectif, c’est de réduire les ruptures tout en maintenant le niveau de stock le plus bas possible. Avoir un gros stock et de la démarque, ce n’est pas vertueux. »
Les process logistiques évoluent également : l’implantation a été repensée pour réduire les déplacements, les équipes bénéficient d’une formation renforcée, un système interne de contrôle optique fiabilise la préparation des commandes et la traçabilité est désormais assurée grâce au flashage systématique lors du chargement final. Cette rigueur est indispensable pour gérer plus de huit mille références, comme le souligne le dirigeant supply chain : « Que ce soit pour les produits à forte rotation ou les références très spécifiques, toute la force de la supply, c’est d’exécuter parfaitement la promesse vendue au client. »
La data nous permet de sortir de la logique de moyenne, de comprendre les dispersions et d’identifier les vrais leviers d’efficacité.
Pro à Pro n’a pas fait le choix d’une robotisation massive. L’entreprise privilégie une modernisation pragmatique, centrée sur l’efficacité opérationnelle. « Nous n’avons pas misé sur la mécanisation. Notre priorité, c’était de moderniser nos infrastructures et d’optimiser nos modèles existants, plutôt que de robotiser », explique Benoît Lemerre. La data devient un levier essentiel pour affiner les prévisions et comprendre les rythmes de rotation, comme le détaille le logisticien : « La data nous permet de sortir de la logique de moyenne, de comprendre les dispersions et d’identifier les vrais leviers d’efficacité. C’est un outil précieux pour piloter les implantations, les rotations et nos consommations d’énergie. »
Duppigheim, un site démonstrateur des ambitions RSE
Nous avons dû décaler le projet de plusieurs mois pour protéger un crapaud vert et un lézard des murailles.
Le site de Duppigheim reflète les ambitions environnementales de Pro à Pro à travers trois certifications majeures. Il est certifié BREEAM Excellent, une référence qui atteste de sa performance environnementale ; BBCA, qui valide sa faible empreinte carbone ; et Biodiversity, qui garantit la préservation de la faune locale. Cette dernière certification a eu un impact concret sur le chantier, comme le raconte le responsable des opérations : « Nous avons dû décaler le projet de plusieurs mois pour protéger un crapaud vert et un lézard des murailles. Nous avons même créé des corridors pour que ces espèces puissent se déplacer. »
Du côté de la gestion énergétique, elle repose sur une GTB (Gestion Technique du Bâtiment), un système qui supervise en temps réel les consommations, les températures et les équipements frigorifiques. Le site utilise un éclairage LED, moins énergivore que les systèmes traditionnels, et bénéficie d’une installation photovoltaïque qui couvre plus de cent pour cent de ses besoins. L’entreprise déploie également ses premiers camions électriques. « Ce qui était une contrainte réglementaire devient désormais un choix volontariste », ajoute Benoît Lemerre.
Vers une supply chain 2030 centrée sur le client et l’humain
Avec près de mille huit cents collaborateurs en supply, Pro à Pro place l’humain au cœur de sa stratégie. L’entreprise renforce la prévention des risques à travers une implantation retravaillée, la réduction des ports répétitifs, l’usage de filmeuses automatiques et l’organisation d’échauffements quotidiens. Pro à Pro articule donc sa vision autour de trois piliers : la proximité client, l’usage intensif de la data et la valorisation du capital humain. Benoît Lemerre résume cette trajectoire : « La supply chain du futur sera d’abord plébiscitée par les clients. Il faudra savoir mixer le facteur humain et l’intelligence digitale, et préserver tout ce que le capital humain ne pourra jamais remplacer. »