Stratégie supply

Blanchon Group : « nous avons investi dans des outils digitaux pour toute la supply chain »


Emmanuel Rubaud est le directeur supply chain de Blanchon Group, fabricant de produits de finition, de protection et décoration pour l’habitat. Il a piloté récemment le déploiement d’un nouveau WMS pour le centre de distribution de Belmont-Tramonet en Savoie : Speed WMS, interfacé avec Enjoy Automation. Retour d’expérience sur cet investissement qui permet désormais à Blanchon Group de mieux piloter ses opérations logistiques dans leur centre de distribution automatisé.

Emmanuel Rubaud, directeur supply chain de Blanchon Group. - © D.R.
Emmanuel Rubaud, directeur supply chain de Blanchon Group. - © D.R.

Quelques mots pour commencer sur l’entreprise ?

Le groupe Blanchon qui emploie 250 personnes, est fabricant de produits pour l’entretien, la protection et la décoration de l’habitat : principalement des vernis, vitrificateurs, lasures, saturateurs, huiles et peintures. Nous avons trois axes de distribution : le DIY, avec les grandes surfaces de bricolage ; les professionnels du bâtiment avec les négoces, revendeurs ou en ventes directes vers les utilisateurs ; et le B2B, pour les industriels tels que les fabricants de parquet ou de sols souples. Nous produisons dans quatre usines principales : à Belmont-Tramonet et Domessin en Savoie, à Saint-Quentin Fallavier en Isère et en Belgique (puis une cinquième en Allemagne depuis l’acquisition de Dr Schutz).

Quelle est votre organisation logistique ?

La totalité de notre production en France est acheminée et stockée sur notre plateforme de Belmont-Tramonet en Savoie. Au départ de cet entrepôt sont ensuite livrés nos clients en France et à l’export, ainsi que nos filiales à l’étranger (Belgique, Pologne, Royaume Uni, Italie, Suisse, Allemagne).

Pour certaines zones géographiques, nous passons par ailleurs par des hubs, plus proches de nos clients. C’est le cas en Belgique, en Suisse et en Italie. Nous avons des prestataires en Pologne et au Royaume Uni.

Quelles sont les caractéristiques de votre plateforme logistique ?

Nous disposons d’un espace de 12 500 m² pour environ 15 000 références, opéré par 30 à 50 collaborateurs selon la saison. Il faut savoir que notre activité est en effet très saisonnière, avec des volumes beaucoup plus importants au printemps et en été (pour les produits à usage extérieur telles que les lasures ou les saturateurs).

Quelques chiffres sur le volume des flux traités par votre plateforme logistique ?

En 2024, ce sont 50 000 unités de manutention en flux entrant et 80 000 en flux sortant, 13 000 tonnes expédiées et 4,8 millions d’unités préparées avec une variation de volumes au-delà du simple au double entre les mois de basse activité et ceux en pics.

Vous vous êtes lancé l’année dernière dans le déploiement d’un WMS. Quel était le besoin ?

Notre plateforme de Belmont-Tramonet a été construite en 2006. Elle avait été immédiatement très automatisée. Nous avons aujourd’hui trois transtockeurs robotisés Alstef, des convoyeurs, un système de tri ainsi qu’une banderoleuse automatique. Nous fonctionnions jusqu’ici avec plusieurs WCS, chacun pour une fonction différente mais avec le temps, l’obsolescence des logiciels ajoutée à la complexité de ces systèmes multiples ont posé problème. Nous avons décidé d’investir pour mieux piloter notre logistique, avec un WMS capable de piloter l’ensemble des équipements, et éventuellement nos entrepôts secondaires.

Vous avez donc retenu la solution Speed WMS, associée à Enjoy Automation…

Oui, c’est une solution qui nous a paru agile, compétitive et capable de s’adapter à nos contraintes spécifiques. Et effectivement, Speed a intégré nos modes opératoires existants sans nous demander de nous adapter à leur outil.

Ce WMS a permis d’ajouter de nouvelles fonctionnalités, comme les packing lists intégrées et la gestion complète des flux, du camion complet à la vente en ligne. Nous répondons ainsi à l’omnicanalité demandée par nos clients. L’interface avec Enjoy WCS permet de centraliser la gestion des transtockeurs, convoyeurs, trieurs et de la banderoleuse automatique (qui jusqu’ici n’était pas du tout pilotée). L’investissement global s’est élevé à 500 000 euros environ.

Quel retour d’expérience sur le déploiement ?

Il a duré neuf mois, de la phase de conception en février 2024 jusqu’au Go-live le 2 décembre 2024. Cela a été très rapide et, surtout, n’a nécessité aucun arrêt de production. Nous avons simplement organisé des plannings spécifiques pour les équipes. Elles terminaient leurs journées plus tôt afin de nous permettre de mener les tests physiques. Le premier mois a été un peu difficile certes mais c’est sans doute incontournable. En revanche, nous avons pu livrer nos clients sans interruption, ce qui était un prérequis non négociable.

Quel premier bilan pouvez-vous dresser, presqu’un an après le lancement ?

Le premier bénéfice est d’avoir résolu cette obsolescence des systèmes qui, vraiment, pesait sur le travail et l’efficacité au quotidien. Ensuite, nous avons gagné en ergonomie pour les opérateurs et en fiabilité dans la gestion des stocks, notamment via l’interfaçage ERP/WMS en temps réel. Et puis, l’intégralité des modes de préparations de commandes comme les flux de vente en ligne (50 à 100 commandes par jour selon la saison) sont désormais intégrés dans le flux standard de préparation de commandes, alors que ce n’était absolument pas le cas pour ces dernières jusqu’à présent…

Nous travaillons à étendre ce WMS à nos autres entrepôts logistiques en Europe

Quelles sont les prochaines étapes ?

Nous souhaitons d’abord stabiliser le WMS sur une année complète, afin d’être bien solide. Ensuite, je veux que nous allions chercher des gains de performance, notamment sur la main-d’œuvre. Nous envisageons également l’intégration d’AGV (Automatic Guided Vehicle) pour automatiser les transferts de palettes sans valeur ajoutée. Nous travaillons par ailleurs à étendre ce WMS à nos autres entrepôts logistiques en Europe.

D’autres projets pour l’amélioration de votre supply chain ?

Nous réfléchissons à des solutions post-expédition, comme un TMS pour le pilotage du transport et le tracking, éventuellement assisté par IA. Nous travaillons avec une quinzaine de transporteurs mais nous n’avons pas de TMS, nous utilisons Shiptify pour la gestion partielle des opérations. Nous sommes en phase de réflexion, je ne suis pas encore persuadé qu’avec notre taille d’entreprise, un TMS se justifie réellement.

De manière générale, nous avons investi ces dernières années dans des outils digitaux pour toute la supply chain : la prévision de ventes avec Colibri depuis 2020, la planification avec b2wise depuis 2021 et un CRM pour le service client. Nous explorons également l’intégration d’intelligence artificielle pour améliorer notre planification et la prise de décision au cœur de notre process S&OP.