Stratégie supply

RS France modernise sa plateforme et ses process logistiques pour décupler sa productivité

Par Mehdi Arhab | Le | Industrie

Afin d’améliorer sensiblement ses opérations logistiques, RS France a lancé tout récemment le projet Acmé. La marque du distributeur anglais de composants électroniques, RS Group plc., n’a pas lésiné sur les moyens pour moderniser sa plateforme beauvaisienne, mettant sur la table 11 millions d’euros. Cet investissement doit bien évidemment l’aider à concrétiser ses ambitions de croissance.

Sylvain Vasseur, directeur logistique de RS France - © D.R.
Sylvain Vasseur, directeur logistique de RS France - © D.R.

Voilà bientôt quarante ans que RS France a élu domicile dans la ville de Beauvais (60). La marque du groupe RS plc., distributeur anglais de produits industriels et de composants électroniques, emploie près de 500 personnes, dont un peu plus de 200 pour ses activités logistiques réparties sur deux sites ; une plateforme de 14 000 m2 destinée aux « general products » et une annexe de 7 000 m2 dédiée aux produits « hors gabarit »,  inexploitables sur un convoyeur, laquelle a été pensée pour faire gagner de l’espace de stockage à l’entrepôt principal. En tout et pour tout, quelque 165 000 références peuvent être stockées sur l’ensemble. « En valeur de stock cela représente aujourd’hui 40 millions d’euros, quand cela n’en représentait en début d’année que 37 millions d’euros. Sur le site dédié au hors gabarit et produits lourds, nous gérons 3 000 références », précise Sylvain Vasseur, le directeur logistique.

Après avoir enregistré 317 millions d’euros de chiffre d’affaires au 31 mars 2022, RS France a généré au 31 mars 2023 pour près de 374 millions d’euros de chiffre d’affaires. La structure vise à l’horizon 2025 au moins 500 millions d’euros de chiffre d’affaires et caresse l’espoir de dépasser (et même de casser) la barre symbolique du milliard d’euros de chiffre d’affaires aux environs 2030-2033. « Cela nous impose de changer complètement d’état d’esprit et d’approche, de revoir nos organisations, nos méthodes, nos outils et donc les solutions logistiques à mettre en œuvre pour accompagner la croissance », décrit le directeur logistique.

Pour y parvenir et toucher du doigt ses objectifs, RS France a investi pas moins de 11 millions d’euros dans des travaux de réorganisation et de modernisation de sa plateforme ; six l’ont été pour l’amélioration de la performance énergétique du bâtiment et cinq l’ont été afin d’optimiser les parties convoyage et préparation de commandes. Sur ce premier point, des travaux d’isolation de la toiture ont été entrepris, une refonte des flux de chauffage, avec l’installation de pompes à chaleur électrique en remplacement des chaudières à gaz de la plateforme, est prévue dans les mois qui viennent et l’installation de panneaux photovoltaïques sur le toit du site beauvaisien est également planifiée d’ici le premier trimestre de l’année 2024. « Ces travaux nous permettront de réduire notre consommation d’énergie et d’importantes économies, d’autant que les prix du gaz et de l’électricité ont encore bondi », souligne Sylvain Vasseur.

Un nouveau WCS et des éléments d’automatisation 

Pour ce qui concerne le convoyage et la préparation des commandes, RS France amorce depuis quelques mois une procédure redynamisant son site du tout au tout. Aujourd’hui, les 200 personnes, qui y travaillent, absorbent en moyenne 4 000 lignes chaque jour, 20 000 lignes de commande et expédient près de 10 000 colis. Pour toute commande passée avant 19 heures, RS France s’engage à livrer, grâce à son réseau bien ficelé de transporteurs, ses clients avant le début de l’après-midi, où qu’ils soient sur les terres de France et de Navarre. Une promesse qui implique de préparer et mettre à disposition l’ensemble des commandes et colis aux transporteurs avant 20h30. 

La première étape du projet de modernisation de RS France, baptisé « Acmé », a consisté en l’implémentation du WCS (Warehouse Control System) de Dematic. Pour l’anecdote, Acmé tire sa signification du grec et désigne « un sommet, un pic ». C’est aussi pour RS France une abréviation inspirante, traduite par « autopack, convoyeur, magasin et équipe ». Et ce projet implique justement l’installation de deux machines autopack, système automatisé (ou semi-automatisé) qui simplifie très largement la création de caisses d’emballage en carton. Comme nous l’expliquait Sylvain Vasseur peu après sa nomination au poste de directeur logistique de RS France, cette formeuse, en plus de permettre d’accélérer la vitesse de production de boîtes en carton en vue d’emballer les produits, facilite le remplissage des contenants et optimise la volumétrie transportée. Au moins 40 % des volumes traités devraient être coiffés par ce système.

Avant la mise en œuvre de deux autopack, RS France prévoit d’agrandir son convoyeur, en y ajoutant une boucle supplémentaire sur la mezzanine de sa plateforme. « Les étagères et supports de rangements étaient bien trop loin de la boucle. Cet ajout va largement optimiser les déplacements de nos employés », nous assure Sylvain Vasseur. De la zone de lancement, où sont imprimés les bordereaux d’expédition et les étiquettes transporteur de chaque colis, les caisses de couleurs sont dirigées vers les « adresses » de collecte les plus proches du produit figurant sur la liste. Le convoyeur renferme une trentaine de « gares » qui entourent les emplacements picking sur lesquels les opérationnels prélèvent les produits, avant qu’ils n’envoient les caisses remplies vers la zone de conditionnement.

Un nouveau site logistique dans les tuyaux

Nous nous donnons la possibilité avec ces investissements et ce projet de traiter 14 000 à 15 000 par jour

En somme, toutes ces initiatives doivent permettre à RS France de porter sa capacité de traitement à 28 000 lignes par jour. « Nous nous donnons la possibilité avec ces investissements et ce projet de traiter 14 000 à 15 000 par jour », expose Sylvain Vasseur. Une augmentation capacitaire qui passe avant toute chose par l’installation d’un convoyeur à haut débit, dont le tapis de roulement, en galets, réduit les temps ''d’immobilisation” de toute l’installation et augmente de facto le taux de productivité. « Nous devons rendre l’ensemble de la boucle du convoyeur plus rapide et productive. Pour cela, nous allons multiplier par deux le rythme de production de colis en sortie. Nous roulions d’une certaine façon sur une route départementale, nous allons désormais rouler sur une autoroute », ironise Sylvain Vasseur.

Pour appuyer ce programme et cadrer les changements, le directeur logistique n’exclut pas de renforcer ses effectifs. « L’organisation demeure inchangée pour le moment, mais l’arrivée d’un chef de projet pour peaufiner les méthodes et l’ingénierie n’est pas écartée », confie-t-il. En outre, une fois le projet Acmé arrivé à son terme, d’ici avril 2024 vraisemblablement, le déploiement d’un nouveau WMS est envisagé pour rationaliser la gestion des entrepôts dans leur ensemble, les processus de réception et la gestion des niveaux de stock. « Celui que nous avons n’est pas optimal », livre Sylvain Vasseur. RS France et sa direction logistique mènent également une étude approfondie sur d’autres innovations techniques susceptibles de soulager le personnel de la plateforme (modèle goods to man …).

La croissance passera par une augmentation capacitaire et de la productivité

Toutefois, rien n’est encore acté et RS se laisse encore le temps de la réflexion. L’idée de se développer sur le marché de l’EPI ou encore d’ouvrir un nouveau site, de 12 000 à 18 000 m2, fait d’ailleurs son chemin ; le tout étant de ne pas s’éloigner du site historique de Beauvais pour ne pas morceler les flux logistiques. « Nous ne sommes pas encore suffisamment positionnés sur ce segment, explique Sylvain Vasseur. C’est donc un enjeu important, car la croissance passera par le développement d’une offre sur ce périmètre, mais aussi par une augmentation capacitaire et de la productivité. Il nous faudra donc sûrement augmenter notre capacité de stockage pour répondre à notre besoin d’élargir notre offre ».