Stratégie supply

Autour de Roland Rith, Textiss compte optimiser ses opérations logistiques

Par Mehdi Arhab | Le | Retail

Textiss, créateur et distributeur de sous-vêtements et textile, a nommé Roland Rith au poste de directeur logistique groupe. Pour accompagner les ambitions de croissance de l’entreprise et l’aider à mieux contenir la hausse de ses coûts d’exploitation, ce dernier a entrepris une refonte totale de l’organisation logistique. Il a défini un nouveau plan transport et mise sur la mécanisation et la digitalisation pour améliorer les opérations du groupe.

Roland Rith, directeur logistique. - © D.R.
Roland Rith, directeur logistique. - © D.R.

Roland Rith a pris ses fonctions de directeur logistique groupe de Textiss en mai dernier. Il rapporte au directeur général du groupe et a sous sa responsabilité une quarantaine de personnes, parmi lesquelles une douzaine de chefs de service. Un peu plus de la moitié des effectifs de Roland Rith opère pour le compte de Textiss, tandis que le reste œuvre dans les rangs de Webtex, une société affiliée au groupe. Fondée en 2001 par Sylvain Caire, l’entreprise Textiss est devenue en quelques années un acteur de premier plan du secteur du sous-vêtement et l’un des leaders du boxer, notamment grâce à sa marque phare, Freegun.

Un peu plus de 30 000 m² de stockage en France et un entrepôt exploité aux Etats-Unis 

De la création à la distribution, en passant par la fabrication et l’importation, Textiss n’agite pas que le monde du sous-vêtement masculin, puisqu’elle s’active également sur le marché des casquettes et des chaussettes pour hommes, femmes et enfants. Né en 2012, Webtex a été pensé de son côté pour répondre à l’essor du e-commerce. Comptant pour clients certains grands noms de la grande distribution comme Carrefour et Auchan, ou encore de grandes enseignes de vêtements comme Gemo (sur le segment BtoB), Textiss a aussi veillé à transférer son savoir-faire commercial vers le numérique et les sites bien connus du e-commerce. 

Le groupe exporte ses produits dans une vingtaine de pays, en Europe, en Amérique et en Asie et distribue sous licence les marques Von Dutch, Serge Blanco, Umbro et également - pour les plus férus de franchises de jeux vidéo et de dessins animés - les marques Pokémon, Lapins Crétins et Naruto. L’entreprise, installée dans le sud de Montélimar, exploite une plateforme logistique de 20 000 m2, divisée en trois entrepôts. Pour satisfaire l’activité de sa filiale Webtex, elle dispose d’une autre surface de stockage de plus de 10 000 m², répartie en trois entrepôts et une zone de picking de plus de 2 000 m². À cela s’ajoute un entrepôt à Los Angeles, placé lui aussi sous la charge de Roland Rith. 

Organisation, structuration et optimisation 

Depuis plus de deux ans désormais, Textiss a enregistré une hausse d’activité exponentielle, de l’ordre de 50 %. Si son chiffre d’affaires a logiquement cru du fait de l’explosion des volumes qu’elle traite et des ventes qu’elle réalise, l’entreprise affronte en coulisses une hausse de ses coûts d’exploitation. « Les dépenses du groupe ont parfois augmenté de façon plus importante que ses revenus. En matière de manutention par exemple, pour des opérations équivalentes à volumes plus importants, les coûts de l’entreprise se sont envolés », note d’ailleurs le nouveau directeur logistique. Un revers de la médaille difficile à encaisser pour cette petite structure, qui a distribué en moyenne près d’un million de pièces par mois, expédiant en tout et pour tout près de 180 000 colis à destination de ses clients professionnels et particuliers en 2022.

Pour gagner en efficacité, il nous fallait revoir notre manière d’opérer dans nos dépôts, optimiser nos surfaces de stockage et nos méthodes de stockage

Face à ces contraintes, Textiss a pris le parti de revoir ses moyens logistiques et transports pour accompagner au mieux sa croissance et dénicher des pistes d’économies. En ce sens, Roland Rith entreprend depuis son arrivée une refonte totale de l’organisation logistique. Un sujet d’amélioration continue qui prend les traits d’un long, très long chantier. Roland Rith le mène toutefois avec confiance, minutie et patience ; Rome ne s’étant pas faite en un jour. « Nous devons casser une sorte de plafond de verre. Pour gagner en efficacité, il nous fallait revoir notre manière d’opérer dans nos dépôts, optimiser nos surfaces de stockage et nos méthodes de stockage », estime-t-il. Son objectif à terme : gagner en organisation et en structure de façon à augmenter l’efficience de ses troupes et à optimiser les coûts du groupe sur la partie logistique et transport.

Sa première décision a été de définir un nouveau plan transport. Alors que Textiss et Webtex négociaient chacun de leurs côtés, le nouveau directeur logistique a décidé de favoriser la mutualisation selon la typologie d’envoie effectuée par les deux entités. Un travail mené avec le gestionnaire transport de son équipe. « Si nous avons décidé de mutualiser les contrats transports groupe, c’est avant tout pour avoir de meilleurs leviers de négociation, optimiser nos opérations et rationaliser nos choix en la matière », expose Roland Rith. Après un temps d’appel d’offres, ce dernier a jeté son dévolu sur des partenaires qui facturent l’entreprise non pas au poids volumétrique du colis, mais bien à son poids réel. « Auparavant, nous étions facturés au poids volumétrique du colis, c’est-à-dire à sa taille et non à son poids. Cela nous pénalisait. En effet, si le fait d’expédier des sous-vêtements, casquettes et chaussettes nous permet d’en transporter un nombre conséquent par colis, le poids dudit colis reste toutefois peu élevé, il était donc important d’agir à ce niveau », explique Roland Rith, avant de poursuivre. « Cela nous permet d’économiser 700 à 1 000 euros par mois. Sur une année, le gain est donc très conséquent ». 

Nouveaux matériels logistiques déployés et un WMS à l’étude 

Outre sa réflexion sur le transport, le travail d’identification de différents axes de progression du nouveau directeur logistique ne s’arrête pas là. Bien au contraire. Il voit en la mécanisation, l’automatisation et la digitalisation des moyens d’amélioration des opérations logistiques du groupe. Pour faire face à certaines contraintes opérationnelles de ses équipes sur le terrain, Roland Rith a récemment doté les plateformes du groupe de convoyeurs motorisés. En moyenne, les équipes sur site doivent gérer un flux de 120 à 200 conteneurs en arrivée par an. Et sans matériel approprié, ce travail n’en est que plus difficile pour les organismes. « Ce matériel permettra de réorganiser nos flux, d’améliorer le rendement de nos équipes et de diminuer la pénibilité du personnel. Autant de flux à décharger augmente la fatigue de nos collègues et le risque qu’ils soient confrontés à des accidents ». Le nouveau directeur logistique prévoit par ailleurs l’installation de nouvelles filmeuses à palettes plus performantes et réfléchit à un nouveau schéma de picking.

Beaucoup de nos contraintes, qui mobilisent des ressources internes pour le moment, pourraient être résolues grâce à un nouveau WMS. Investir dans l’un d’eux nous permettra d’optimiser nos coûts à l’avenir

Prochaine étape, le déploiement d’un nouveau WMS pour mieux répondre aux problématiques de gestion des stocks et anticiper les ruptures. « Le secteur de la logistique est l’un des secteurs qui offre le plus d’innovations. Pour améliorer notre performance globale, le déploiement d’un WMS me paraît indispensable. Le nôtre a fait son temps. Nous devons nous mettre à jour et en phase avec les standards logistiques du moment. Beaucoup de nos contraintes, qui mobilisent des ressources internes pour le moment, pourraient être résolues grâce à un nouveau WMS. Investir dans l’un d’eux nous permettra d’optimiser nos coûts à l’avenir », défend Roland Rith. Ce dernier, en parallèle de ce projet, s’est rapproché du responsable RSE du groupe afin d’établir une politique de retraitement des déchets. Textiss, par la voix de son nouveau directeur logistique, a sollicité certains de ses fournisseurs, leur demandant d’en finir avec les matières plastiques. « Nous leur demandons d’utiliser des ensacheuses à papier-amidon ou à papier kraft », indique Roland Rith. De son côté, le groupe Textiss s’active notamment afin réutiliser et valoriser ses palettes en bois.