Jolimoi structure sa supply chain autour de Gonzague Laureau pour poursuivre sur sa lancée
Gonzague Laureau a pris les rênes de la supply chain de Jolimoi, scale-up née en 2017 devenue leader du social selling. Il doit notamment définir et revoir les procédures sur les parties logistique et transport.

Le social selling a de beaux jours devant lui. Jolimoi, scale-up fondée en 2017 par trois associées - Isabelle Rabier, Jennifer Fiorentino et Aurélia Clot -, est l’un de ses plus précieux ambassadeurs. Son objectif : faire de la tech un allié de la routine beauté et du bien-être. Fort d’un (très) bel exercice 2024 au cours duquel l’entreprise a atteint la rentabilité pour la première fois, Jolimoi a démontré la solidité de son modèle. L’entreprise, qui nourrit de grandes ambitions, œuvre dans un marché fortement concurrentiel. Elle n’entend pas pour autant s’arrêter en si bon chemin. Elle emploie désormais près d’une cinquantaine de personnes et revendique plus de 10 000 “social sellers“ dans son réseau, basés en France et en Belgique.
L’entreprise avait levé sept millions d’euros en 2022 pour accompagner le développement de sa plateforme de social selling qui permet à des indépendants (micro-entrepreneurs ou vendeurs à domicile) de tirer un revenu de leur passion. Ces mordus de beauté, appelés par Jolimoi des “stylistes beauté, nutrition, skincare, bien-être ou minceur“, peuvent vendre à domicile et/ou en ligne un large choix de produits cosmétiques (shampoing, après-shampoing, rouge à lèvres, crèmes, émulsions, lotions, huiles ou encore gel pour la peau …), tous issus d’un catalogue de marques- partenaires et de la marque propre de complément alimentaire de Jolimoi, Yfen. Le catalogue de Jolimoi comprend pas moins de 3 000 références et 70 marques.
Les social sellers profitent en parallèle de différents outils mis à disposition par Jolimoi, lesquels permettent de piloter leur activité et d’offrir un accompagnement personnalisé à leurs clients : site, aide à la recommandation, gestion des commandes, live shopping … Bien sûr, en retour, une partie du chiffre d’affaires généré est rétribuée à chaque membre du collectif. La scale-up s’attache à créer une relation de proximité entre les marques, à la recherche de nouveaux canaux de distribution, les indépendants et les clients à la recherche d’une expérience d’un autre genre, totalement personnalisée.

Pour poursuivre sur sa lancée, Jolimoi a décidé de structurer sa fonction supply chain. Gonzague Laureau a été nommé à sa tête en septembre 2024. Rattaché hiérarchiquement au directeur des opérations de l’entreprise, son périmètre de responsabilité couvre l’ensemble de la chaîne de valeur, depuis le sourcing jusqu’à la distribution des colis, en passant par le S&OP, la gestion des approvisionnements et l’optimisation des flux. « Avec notre marque en propre, le sourcing devrait prendre une place plus importante, d’autant que les attentes qui l’entourent sont importantes », explique Gonzague Laureau.
Une profonde remise en ordre des process supply chain
Le rôle de ce dernier consiste en l’implémentation, la construction et la définition d’une Supply Chain robuste. Et pour cause, pour accélérer davantage et grandir encore, Jolimoi en a besoin. C’est aussi pourquoi la direction de l’entreprise a jugé bon, après un peu plus de sept années d’exercice, de peaufiner une fonction dédiée. « L’entreprise s’est largement développée en quelques années. C’est un bel exploit. Mais pour passer un cap, il paraissait important ce construire une supply chain plus robuste. Beaucoup de choses restent à travailler, pousser et initialiser », avance Gonzague Laureau.
Pour affirmer notre capacité d’accélération, nous devons ramener les commandes de stocks à un niveau plus convenable. L’objectif est de ne plus avoir à pallier des ruptures en urgence ou de faire avec des surstocks
Depuis sa prise de fonction, Gonzague Laureau s’emploie notamment à ramener les stocks au bon niveau et à optimiser la gestion des appros. « Pour affirmer notre capacité d’accélération, nous devons ramener les commandes de stocks à un niveau plus convenable. L’objectif est de ne plus avoir à pallier des ruptures en urgence ou de faire avec des surstocks. La gestion des marchandises ne doit pas faire l’objet d’aléas dans l’idéal, car cela peut avoir une incidence sur l’EBITDA. Nous devons réduire la part des immobilisés, afin d’éviter au maximum l’immobilisation de cash. Jolimoi veut continuer à être rentable sur le court, moyen et long terme. C’est aussi pourquoi l’entreprise s’est décidée à regarder de près ses Opérations car au regard de son activité, elles représentent un coût important du PnL », expose Gonzague Laureau.
La nomination de ce dernier intervient donc dans un contexte de mise en avant de la Supply Chain par l’entreprise et ses fondatrices qui veulent en faire un atout de taille. Les attentes qui l’entourent sont en ce sens très élevées. C’est pourquoi il s’efforce également de définir et revoir les procédures sur les segments logistiques et transports. « La question du transport aval est aussi importante que celle des stocks. Dans l’ensemble, beaucoup de choses doivent être implémentées sans que cela ne perturbe la continuité de l’activité. Le tout est de pouvoir bien répondre à la demande, de vendre et d’assurer notre croissance », soutient-il, avant de poursuivre.
« Le transport aval est une thématique qui a peut-être été un peu oubliée, mais elle revêt une grande importance. Elle fera l’objet d’un travail d’optimisation approfondi qui doit nous permettre de gagner en maîtrise et de contenter davantage nos clients », indique Gonzague Laureau. Via son prestataire 3PL, Jolimoi traite quelque 150 000 commandes par an en moyenne, depuis une plateforme logistique située en France. Les produits expédiés le sont aussi bien en France que dans d’autres pays du Vieux continent.
Un projet de déploiement ERP qui s’avère structurant
Le déploiement d’un ERP constitue un investissement énorme, tant en cash qu’en temps, ressources et énergie
À ces enjeux s’ajoute un autre projet de taille qui est mené concomitamment, l’intégration d’un ERP. « Nous n’en sommes encore qu’aux prémices, raconte Gonzague Laureau. L’ERP est aujourd’hui un standard. L’entreprise s’est pourtant demandée s’il n’était pas plutôt judicieux de faire avec plusieurs modules indépendants. Quoi qu’il en soit, elle ne veut pas se précipiter. Le déploiement d’un ERP constitue un investissement énorme, tant en cash qu’en temps, ressources et énergie. »
Des outils dédiés nous permettront de mettre en place des stratégies de stockage qui se veulent plus affinées. Ils pourraient également nous garantir des flux plus contrôlés
En fin de compte, la colonne vertébrale digitale de Jolimoi devrait aussi, à terme, intégrer des outils dédiés au pilotage de la supply chain. « L’ERP n’est pas suffisant. Il peut permettre par exemple d’en connaître sur la valorisation des stocks, mais à terme, le besoin de bénéficier de bons modèles de prévision et d’approvisionnement se fera ressentir. Des outils dédiés nous permettront de mettre en place des stratégies de stockage qui se veulent plus affinées. Ils pourraient également nous garantir des flux plus contrôlés », note Gonzague Laureau.
Le S&OP, sujet majeur pour les directions supply chain, constitue évidemment un axe pouvant faire l’objet d’un projet de digitalisation. Mais au regard de son jeune âge, Jolimoi ne présente pas l’historique de prévisions de vente le plus fourni. La direction supply chain est donc, pour le moment, dans l’obligation d’accepter de travailler dans l’attente d’informations plus précises. Gonzague Laureau rappelle dans cette perspective la nécessité d’avoir une bonne coordination entre tous les services et d’aligner à terme le Demand et le Supply Planning. Il indique pour conclure que « le bon fonctionnement du S&OP ressort de l’intérêt général ». « Ce n’est pas simplement un projet supply chain, c’est un projet d’entreprise. Elle doit se l’approprier. Mais pour le moment, rien n’est encore acté », assure-t-il.