Stratégie supply

Gibert externalise sa logistique pour booster ses performances


Le distributeur de livres, articles de papeteries, CD etc (neufs et occasion) rebat complètement les cartes de son organisation logistique en externalisant à ID Logistics le pilotage de son stock central. Le projet est majeur pour Gibert, il conditionne sa croissance et sa rentabilité futures.

Gibert externalise sa logistique pour booster ses performances
Gibert externalise sa logistique pour booster ses performances

L’enseigne historique française de produits culturels qui a réalisé 91 millions d’euros de chiffre d’affaires sur l’exercice 2024-2025 et emploie 500 salariés, appuyait jusqu’ici sa chaine logistique sur son entrepôt de Vitry-sur-Seine (94). Sur ce site, une quarantaine de salariés Gibert gérait le stock et les expéditions pour le e-commerce (activité lancée en 2010), un stock mutualisé pour les commandes passées par les clients de ses 25 librairies et les flux liés à l’achat/revente de produits d’occasion (40 % du chiffre d’affaires).

Benoît Gibert, consultant et cousin éloigné des fondateurs. - © D.R.
Benoît Gibert, consultant et cousin éloigné des fondateurs. - © D.R.

Sous la houlette d’un consultant indépendant spécialisé dans la logistique, Benoit Gibert (par ailleurs cousin éloigné de la famille fondatrice), l’entreprise avait investi depuis 2020 dans la refonte de ses process et dans la mécanisation de ses flux e-commerce. Mais le site arrivait au bout de ses limites en termes de surface et d’agencement. Décision a donc été prise de se mettre en quête d’un autre bâtiment et, concomitamment d’externaliser la prestation.

La logistique de Gibert est très complexe, de nombreux flux se croisent

Tout change pour la logistique de Gibert : le site, les outils et l’exploitant

« La logistique de Gibert est très complexe, de nombreux flux se croisent. Déménager une telle activité et la mécaniser auraient sollicité des ressources trop importantes à l’échelle d’une entreprise de cette taille. Ce projet, porté et financé en interne, aurait constitué un projet trop risqué », précise Benoit Gibert. En début d’année, un appel d’offres restreint a été lancé, auprès de deux prestataires présélectionnés. « Nous avons préféré travailler avec deux interlocuteurs uniquement car ce projet nécessitait de collaborer étroitement pour une adaptation sur-mesure à nos besoins ». Au terme de cette compétition, c’est donc finalement ID Logistics qui a été retenu fin juin.

Tony Morcet, président du directoire de Gibert. - © D.R.
Tony Morcet, président du directoire de Gibert. - © D.R.

La transition va s’effectuer en deux phases. Depuis début juillet, ID Logistics a repris la gestion du site historique de Gibert. Puis, en avril 2026, l’activité sera complètement transférée à Plessis-Pâté dans l’Essonne. Dans le mouvement, les deux partenaires espèrent que l’intégralité des 40 collaborateurs actuellement en charge de la logistique, jusqu’ici salariés de l’enseigne, suivront le nouveau prestataire devenu leur nouvel employeur.

« Ce changement important, en deux étapes, doit permettre aussi une transition plus en douceur pour les salariés. Ils auront déjà fait connaissance avec leur nouvel employeur, auront travaillé avec ses méthodes, avant de déménager sur le nouveau site », précise Tony Morcet, président du directoire de Gibert, évoquant l’inquiétude « légitime » des collaborateurs. « Le nouveau site est certes à 45 minutes en transports en commun du bâtiment actuel mais il est plus confortable et offrira des meilleures conditions de travail » précise-t-il.

Un bâtiment de 6 000 m² et des outils mécanisés

Concrètement, le nouvel entrepôt dédié à Gibert et mis à disposition par ID Logistics (au sein d’un site mutualisé de 48 000 m²) mesure 6 000 m². Il sera équipé d’un trieur robotisé et modulable (jusqu’à 2 000 unités par heure), d’un micro sorter pour optimiser la préparation multi-produits et d’une chaine mécanisée avec robot de palettisation pour accélérer le traitement des flux e-commerce et renforcer la fiabilité des opérations. Jusqu’ici, si les flux neufs étaient mécanisés, ce n’était pas le cas des flux occasion, traités manuellement.

L’approvisionnement en occasion se fait quand le produit est disponible. Et ce n’est pas prévisible, il faut donc être en capacité de le stocker quand on peut l’acheter

La capacité de stockage des produits d’occasion sera par ailleurs multipliée par deux. « Sur l’occasion, la taille des stocks conditionne directement notre capacité de business. Contrairement au neuf, l’approvisionnement en occasion se fait quand le produit est disponible. Et ce n’est pas prévisible, il faut donc être en capacité de le stocker quand on peut l’acheter. Pour nous développer sur cette activité, il était donc important de nous donner les capacités de multiplier les références et d’augmenter la profondeur de stocks », détaille Benoit Gibert.

Cette nouvelle organisation doit aussi donner les moyens à l’entreprise de faire face à son nouveau plan stratégique 2024/2028 visant à améliorer la rentabilité du groupe, à développer le e-commerce et les contrats d’affiliation (contrats de prestation avec des librairies indépendantes). Une cible d’au moins 50 affiliés est affichée à horizon 2028. « Tout a été pensé pour être flexible et s’adapter à notre montée en puissance. L’organisation que nous avions jusqu’ici bridait notre développement : les équipes perdaient beaucoup de temps, il fallait sans cesse réorganiser les stocks etc. Demain, après une période un peu plus difficile, nous allons pouvoir avancer plus vite et faire repartir Gibert en avant, dans de bonnes conditions », estime Tony Morcet.

Le nouveau site assurera la réception, le stockage et la préparation de plus de 12 millions d’articles par an.